Mortagne-du-Nord

 

Mortagne du nord 59 adm

 

Mortagne du nord 59 geoSituée entre Saint-Amand-les-Eaux et Tournai (Belgique) à la frontière franco-belge, la ville est jusqu’en 1993 un port fluvial important, ses activités sont jusque dans les années 1980 basées sur le passage et les formalités de dédouanement des péniches, la construction de bateaux, l’exploitation d’argile, la poterie, la bonneterie
Les communes voisines sont Flines-lez-Mortagne, Château l’Abbaye, Maulde et Thun-Saint-Amand  ainsi que la commune belge de Brunehaut.

Mortagne du nord 59 blason Héraldique 

Les armes de la commune se blasonnent ainsi : D'or à la croix de gueules.

 Toponymie 

Du bas latin Mauritania, nom évoquant une station militaire romaine du Bas-Empire composée de troupes maures.
En 1893, la commune de Mortagne devient Mortagne-du-Nord

 Hydrographie 

Petite ville située à la confluence de la rivière la Scarpe et du fleuve l'Escaut.

Drapeau francais fond blanc Histoire  

Jules cesarEn 52 avant J.-C., lors de la conquête de la Gaule par l'empereur Jules César (-100/-44, portrait de droite) les Nerviens opposent aux Romains une résistance farouche. Sur 60000 combattants, 500 survivants trouvent refuge au confluent de la Scarpe et de l'Escaut.
En 883, le château en bois est incendié par les Normands, il est remplacé en 928 par un autre mieux fortifié.
Au Xème siècle, Mortagne est une place forte importante de l'Ostrevent.
En 1214, dans le château, résidence habituelle des châtelains de Tournai, se regroupent l'empereur du Saint-Empire, Othon IV de Brunswick (1175/1218) et le comte de Flandre, Fernand du Portugal (1188/1233) avant la Bataille de Bouvines qui oppose les troupes royales françaises du roi Philippe II dit Auguste (1165/1223) soutenues par Frédéric II de Hohenstaufen (1194/1250), à une coalition anglo-germano-flamande menée par Otton IV. Le roi de France est vainqueur.
Philippe le belEn 1312, le roi Philippe IV dit le Bel (1268/1314, portrait de gauche) prononce l'annexion de Mortagne.
Le 8 novembre 1918, avant de battre en retraite, les allemands dynamitent les principaux édifices dont la mairie, le château et l'usine metallurgique. Ils laissent derrière eux une ville détruite à 90% et six siècles d'Histoire ruinés.
En 1920, le maréchal Henri Philippe Bénoni Omer Pétain (1856/1951) se rend à Valenciennes et remet la croix de guerre à 5 villes dont Mortagne-du-Nord.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, les départements du Nord et du Pas-de-Calais sont déclarés zone interdite. Ses habitants vivent coupés du reste de la France sous le joug nazi durant 4 années, subissant un pillage méthodique des richesses de la terre et des usines engendrant des pénuries massives, mais développant un instinct de résistance hors du commun.

Les seigneurs et gens de la noblesse

En 926, le comte Herbert II de Vermandois (880/943) réclame le comté de Laon pour son fils. Le roi des Francs Raoul (890/936) refuse et investit Roger II (+942) du comté de Laon. Mais en 928, Raoul doit céder Laon à Herbert, qui y construit une citadelle, le château Gaillot. Roger II, lésé de son comté, combat Herbert, qui fait raser son château de Mortagne. 
En 931, Hugues le Grand (898/956), duc des Francs, reprend la ville de Laon à Herbert et s'empare aussi du comté de Douai. Il installe un châtelain au château de Mortagne.
En 1071, mon ancêtre Évrard Ier Radulphe (1064/1110, voir tableau en bas de page), neveu de l'évêque de Noyon-Tournai Radbod II, réussit à expulser le châtelain de Mortagne. Par droit de conquête, il devient châtelain, seigneur de Mortagne, et sa descendance garde ce titre.
La période la plus faste de la commune se situe alors entre 1082 et 1314, les seigneurs, châtelains de Tournai, pairs de Flandre, y exercent la haute et basse justice et possédent un vaste territoire constitué entre autres de Mortagne, Flines-lez-Mortagne, Maulde, Château l’Abbaye, Bruille, Laplaigne, une partie d’Hollain et d’Espain.
Le comte Philippe Ier de Flandre (1143/1191) obtient en 1186 que mon ancêtre le châtelain Évrard III de Mortagne (1130/1190) relève de lui, alors que la place est située en Hainaut.
Philippe augusteEvrard III répudie sa première épouse. Il participe à la 3ème croisade en 1177.
mon ancêtre Baudouin de Mortagne (1165/1208), fils du précédent, rend hommage au roi Philippe II dit Auguste (1165/1223, portrait de droite) pour le château, mais après la mort du comte Philippe Ier de Flandre, le Traité de Vernon en 1195 consacre la renonciation du roi à cette place, ce qui est confirmé en 1200 par le Traité de Péronne. Par la suite, le châtelain de Mortagne demeure l'un des plus fidèles vassaux des comtes de Flandre-Hainaut.
Lors du Transport de Flandre (1) en 1312, Mortagne passe à la couronne de France. Dès lors la seigneurie perd son autonomie et est donnée en apanage à différents seigneurs proches du roi.
En 1478, le roi Louis XI (1423/1483) la donne à son échanson, Guillaume de Thouars  pour lui et ses hoirs à venir. Ses descendants la possédent jusqu’à la Révolution Française.

L'abbaye de Château-l'Abbaye
Le roi des Francs Louis II dit Le Bègue (846/879) fonde une abbaye bénédictine à proximité de Mortagne, qui deviendra le village de Château-l'Abbaye. Abandonnée durant les Invasions du IXème siècle, le châtelain seigneur de Mortagne, mon ancêtre, Evrard III (voir tableau en bas de page), la fait remplacer en 1155 par un établissement, richement doté, appelé Château-Dieu, dédié en 1157 à Saint-Martin, où il souhaite être enterré. Les premiers hôtes sont les moines de l'Abbaye de Vicogne puis les moines de Prémontré.
Propriété des seigneurs de Mortagne, elle devient espagnol à deux reprises. Puis l'abbaye et ses dépendances sont détruites laissant pour seul vestige le moulin Radulphe qui est détruit à son tour durant la Première Guerre Mondiale.

 Chroniques communales 

Les douanes
La position stratégique du village à la frontière franco-belge et au confluent de la Scarpe et de l'Escaut aboutit à la construction en 1837 d'une aubette pour les douanes près du pont de la Scarpe afin de surveiller le mouvement du pont et abriter l'employé chargé de vérifier le bâtiment de houille.
Les douanes sont ensuite installées dans la mairie puis dans un bâtiment indépendant en 1926.

La batellerie et les chantiers navals
La position stratégique de la ville au confluent Scarpe-Escaut permet d’engendrer une activité très importante. Un premier chantier naval est créé en 1805, Mortagne en comptera jusqu’à trois. Les compagnons travailleur de bateaux jouissent d’un Privilège Royal pour exercer leur activité.
Le port fluvial occupe dans les années 1960, la seconde place parmi les ports fluviaux de France, derrière Strasbourg.

De nombreuses briqueteries s´installent sur la commune à partir de 1923, simples excavations d´argile. Ainsi que la cimenterie Fernand Duthoit et Cie, adjointe de la Société de briques réfractaires Escoyez.

La forge Pamelard, rue du Fort, s'installent en 1930.

L'usine métallurgique
Elle s'installe en 1901 dans le village en raison de la proximité de la Scarpe canalisée et des gisements houillers situés à proximité pour alimenter les fours à oxyder le zinc, mais fait faillite en 1903. Elle est reprise et agrandie par la Compagnie Métallurgique Franco-Belge de Mortagne et fournit jusqu’à 1.7% de la production mondiale de zinc soit 1/3 de la production nationale.
L'usine est sous contrôle allemand durant la Première Guerre Mondiale, le zinc est utilisé pour la fabrication de munitions. Elle est finalement bombardée et incendiée en 1918.
En 1919, la Compagnie Royale Asturienne des Mines rachète le site et entreprend de restaurer et moderniser les installations. Dès 1920, la zinguerie est reconstruite, ainsi qu'une unité de désulfuration à Thun qui a  un double objectif : griller la blende et fabriquer de l’acide sulfurique à partir des émanations sulfureuses. En 1923, ces deux usines emploient plus de 1500 personnes, principalement des belges, les autres habitent dans 50 logements ouvriers construits à Mortagne et dans la nouvelle cité de 90 logements créée à Thun. L’usine de zinc, moins compétitive que celles d'Auby ou de Courcelles-lès-Lens, ferme en 1963 et l’usine chimique en 1968 laissant un terrain pollué. Tous les logements sont détruits pendant la dernière guerre.
En 1987, la friche industrielle fait l'objet d'un traitement paysager : les parties bâties à l'abandon sont rasés et les zones nues, gravement polluées, sont recouvertes de terre agricole enrichie en calcaire et végétalisées.

Le chemin de fer
La ligne Lille-Valenciennes et son extension vers Saint-Amand, Lecelles et le canal du Décours et de la Scarpe, projetés en 1875, est réalisé en 1887. 

 Patrimoine 

L'Hôtel de Ville
L'difice original, situé à proximité de l'Escaut, date du XVIIIème siècle. Les cartes postales anciennes montrent un édifice à cinq travées, s´élevant sur deux niveaux, en brique, couvert d'une croupe en ardoise. L´élévation antérieure est habillée de pierre bleue au rez-de-chaussée, repris à l´étage par un chaînage en pierre bleue pour la travée centrale et les angles. Sa couverture est refaite en 1893.
Endommagée pendant la Première Guerre Mondiale, elle est reconstruite, au fond de la nouvelle place créée, grâce aux indemnités de dommages de guerre en 1922. L'édifice est en brique et pierre, les bandeaux et les clefs, couverte d'une croupe en ardoise. Les ouvertures en plein cintre, sont à bossages au rez-de-chaussée et à meneaux à l'étage. Les trois travées centrales, encadrées de part et d'autre de demi-travées, reflète la disposition intérieure du hall d'accueil au rez-de-chaussée, surmonté de la salle des mariages à l'étage, ouverte par un balcon en façade-pignon. La couverture est surmonté d'un lanternon. Un médaillon central aux armes de la ville et deux médaillons latéraux aux portraits des soeurs Theophile et Félicité Fernig (voir § Personnages) ornent le pignon. 
La plaque commémorative aux soeurs de Fernig en marbre, remplaçant le monument détruit pendant la guerre, est placé dans le hall de la mairie. 
Une salle des fêtes indépendante, pouvant accueillir 500 personnes, est construite, les tribunes sont réalisées en 1935.

Le château
Celui d'origine en bois est incendié en 883 par les Normands, il est reconstruit et fortifié. 
La forteresse, siège de la seigneurie, est détruite de nouveau en 1553 sur ordre de Charles de Habsbourg dit Charles Quint (1500/1558), rapidement remplacée par une autre, située en amont, au voisinage de Château-l´Abbaye.
Le château est partiellement détruit durant la Révolution Française et réaménagé au XIXème siècle.
Les allemands le dynamite en 1918 juste avant leur retraite.

L'église Saint-Nicolas 
Le début de sa construction date de 1820. La façade est sobre et coiffée d´une simple toiture à quatre pans. Il est probable que l'ouragan de mars 1876 cause des dommages à l'édifice. En 1888, le clocher est consolidé et l'église aggrandie. Elle est dynamitée en novembre 1918 par les Allemands qui se retirent.
Elle est reconstruite en 1927 grâce aux indemnités des dommages de guerre, élevée en brique et pierre pour les colonnes, rappelant ainsi les églises du XVIIIème siècle de la région et des communes voisines. Le mobilier, composé d´un maître-autel, des autels latéraux, d'une chaire sans abat-voix, de fonts baptismaux et d'un chemin de croix, est de facture plus moderne, de style Art-Déco, en pierre reconstituée, grès rouge dur de Saverne et mosaïque et des motifs décoratifs en sgraffito. Elle conserve un tableau classé du peintre flamand, Mathias Stom (1589/1650)  représentant le repas d'Emmaüs.
Des travaux de rénovation ont lieu en  2012 et 2015.

Le presbytère
Il est construit en 1844 par l´architecte roubaisien Théodore Lepers (1813/1869).

Le beffroi du travail
Cheminée de l'usine de briques réfractaire haute de 30m, elle est le témoin et le symbole de l'épopée industrielle de la ville.
La cheminée d'usine devient pour le 1er Mai, jour de la Fête du Travail, l'emblème du travail des hommes et des femmes du Nord, du Pas-de-Calais, de Flandre et de Catalogne.

Les musées
- des sœurs Fernig (voir § ci-dessous)
- de la Douane.

Le carré militaire français et les tombes de la Commonwealth War Graves Commission au cimetière.

 Personnages liés à la commune 

Jehan Bouthillier (1340/1395) seigneur de Froidmont, jurisconsulte français, né à Mortagne et mort à Tournai où il passe la majeure partie de sa vie.
Il est l'auteur de La Somme rural en 1479, recueil complet des usages et coutumes législatives du Nord du royaume de France. 
Il est peut-être descendant du trouvère artésien Colars Le Bouthillier (fin XIIIème siècle) dont les armes sont semblables. En 1370, il est nommé lieutenant du bailli de Vermandois en Tournesis. Juge royal, il est en contact avec la justice municipale des bourgeois et la juridiction ecclésiastique. En 1383, il prend le titre de conseiller de la ville de Tournai et bailli de Mortagne. Il rend la justice en la châtellenie de Mortagne au nom du seigneur Enguerrand VII de Coucy (1340/1397). En 1389, il quitte le poste de bailli de Mortagne, dont Charles VI avait diminué l'importance, et redevient lieutenant du grand bailli de Tournai. 
Il rédige son testament en 1402 et l'on retrouve une dernière fois son nom aux noces de Messire Étienne l'Hermite seigneur de la Faye et de dame Catherine de la Croix en 1419.

Jean louis joseph cesar de fernigJean Louis Joseph de Fernig (1772/1847, portrait de droite) militaire français du 1er Empire, né à Flines-lez-Mortagne et mort en Égypte, promu à Dresde par l'empereur Napoléon Ier en 1813 au grade de général de brigade. Après la chute de Napoléon les Bourbons le mettent en disponibilité avant de lui confier une brigade à la campagne d'Espagne et le titre de gouverneur de Barcelone. 
Franc-maçon, il est initié dans la loge Les Amis philanthropes, constituée à Bruxelles par le Grand Orient de France. Il s'attribue un rôle important au sein du Suprême Conseil d’Amérique, où il occupe les fonctions de lieutenant grand commandeur ad vitam en même temps qu’il est vénérable maître de la loge  Les Propagateurs de la Tolérance » créée en 1818.
Ses sœurs, Marie Françoise Théophile Robertine Fernig (1775/1819) et Marie Félicité Louise Fernig (1770/1841), âgées de 13 ans et 16 ans, se placent en 1792 dans les rangs de la garde nationale de Mortagne sous des vêtements masculins et se battent contre les Autrichiens. D'une grande beauté, elles s’attachent à la fortune du général Charles François du Perrier du Mouriez (1739/1823) qui leur donne deux commissions d’officiers d’état-major et les prend pour aides de camp. Elles combattent en cette qualité à Valmy, Jemmapes, Anderlecht, Nerwinde, et font plusieurs actions glorieuses. Ci-dessous, reproduction photographique d'un tableau d'Albert Ferdinand Le Dru (1848/1923).

Soeurs de fernig par a le dru

 Evolution de la population 

Mortagne du nord 59 demo

 Hameaux, lieux dits, faubourgs, quartiers et écarts 

La Brelière.

 Nos ancêtres de Mortagne-du-Nord... 

Mortagne du nord 59 ancetres 3Mortagne du nord 59 ancetres 4

 Carte de Cassini 

Mortagne du nord 59 cassini

 


 

(1) Le Transport de Flandre a lieu le 11 juillet 1312.
Par le Traité de Pontoise, le roi Philippe IV dit le Bel renonce à la rente dont, depuis 7 ans, les flamands ne se sont pas acquittés et en contrepartie, le comte de Flandre, Robert de Béthune (1249/1322), lui cède ses droits sur Lille, Béthune et Douai.
Philippe IV dit le Bel et Robert de Béthune font ainsi chacun un transport ou transfert de leurs droits, sur la rente pour le premier et sur les seigneuries pour le second. C'est ainsi que Mortagne passe à la couronne.

 


 

Sources
Sites, blogs, livres, revues, photo ... :
Wikipedia.

 

Date de dernière mise à jour : 16/02/2021