Cravant

 

Cravant 89 adm

 

Cravant 89 mapCravant est un village blotti au pied des collines de Monteloup et des Perrières, à 18 kms au Sud d’Auxerre.
Sa côte de Palotte renferme de vastes carrières de pierre calcaire, exploitées durant près de 800 ans jusqu’en 1935 pour les besoins de la construction et porte une partie des vignes du fameux vin d'Irancy.
Cette ancienne commune devient le 1er janvier 2017, avec Accolay, une commune déléguée de la commune nouvelle de Deux Rivières.

Cravant 89 blason Héraldique 

Les armes de la commune se blasonnent ainsi : De gueules à la massue cloutée d'or et à la clef du même, posés en sautoir, au chef d'azur chargé de trois cailloux d'argent.

 Toponymie 

Son nom provient de sa situation géographique au confluent de l'Yonne (anciennement Icauna) et de la Cure (Quoranda) et plus tard du Canal du Nivernais. Il est issu du Celtique Cor = confluent et ban = bourg, puis il est latinisé en Cravannum, puis Crevan, Cravan et enfin Cravant au XVIIème siècle.  

 Hydrographie 

Le village doit sa prospérité à sa position au confluent de la Cure et de l'Yonne, son port et son pont.

Drapeau francais fond blanc Histoire 

Le site est occupé dès la Préhistoire. Puis, les cabanes de pêcheurs laissent la place à un vicus romain. Trois grosses villae sont connues : Arbeau, occupé de la fin de l’époque gauloise jusqu’au IVème siècle ; Bréviande avec un temple, une nécropole et des thermes, occupé de La Tène Finale (voir Echelle des Temps) jusqu’à la fin du Moyen Âge ; et le Bas des Bouchots.
Durant le Haut Moyen Âge, le village compte environ 5 000 habitants, c'est un centre de transit de marchandises important (sel de Franche-Comté, vins de Beaune et de Bourgogne, draperies de Flandre, blés des plaines céréalières et farine des Grands Moulins).
Le pont, cité au XIIIème siècle et probablement antérieur, est déjà en pierre à l’époque où la plupart des ponts sont en bois. Il comporte 8 arches sur 160 m de long et 6 m de large. Il est flanqué d’une chapelle et d’un octroi.
En 1211, le chapitre de la cathédrale d'Auxerre perçoit une partie de la dîme de Cravant et Guillaume de Seignelay (+1223), 58ème évêque d'Auxerre, lui donne les parts manquantes.
En 1384, Cravant est reconnu premier port de l'Yonne et le roi Charles VI (1368/1422 portrait de droite) autorise la construction des remparts. Ils sont démolis en 1792 sur ordre de la Convention.
En 1387, le Chapitre de la cathédrale d’Auxerre fortifie une partie de la ville, à l’endroit du fort qui lui appartient déjà, mais les fossés ne sont creusés qu’en 1394 aux frais des habitants.
Le premier capitaine du château de Cravant est Adam de Digoine (+1409), écuyer des sires d’Arcy.
En 1423, les troupes du roi Charles VII (1403/1461 portrait de gauche), alliées aux forces écossaises, sont défaites et massacrées par l’armée anglo-bourguignonne commandée par le comte de Salisbury, lors de la bataille de Cravant (voir § suivant).
Le duc de Bourgogne, sans respect pour les droits du chapitre d’Auxerre, place le capitaine Bourg du Jardin à la tête de la ville de 1449 à 1476 pour qui la guerre et le pillage sont le seul souci et qui moleste l’autorité canoniale par tous les moyens. Il est répudié par le roi, Charles VII. En 1490, le chapitre reste maître de nommer seul le capitaine-gouverneur de la ville qui a en garde toutes les clefs du château et la moitié de celles de la ville ; le chapitre conserve aussi le droit de garde des prisons et la moitié du droit de pêche, l’autre moitié étant attribuée à la bourgeoisie à la condition d’en employer les revenus à la restauration des murailles.
Au XVIème siècle, le flottage du bois prend une grande ampleur grâce aux écluses.
Le village possède son propre grenier à sel, l'un des deux présents dans le comté avec celui d'Auxerre. Il est fermé en 1594 et le bâtiment devient une maison privée.
Au XVIIème siècle, le pont montre des signes de fatigue et finit par s'écrouler en 1726 avec la prospérité de Cravant. Le nouveau pont n'est achevé que vers 1775. Il faut attendre 1844 et la construction de la route Louis-Philippe pour qu'un regain d'activité réapparaisse.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, une usine aéronautique souterraine fonctionne dans les carrières du coteau de Palotte, elle est destinée au montage du bombardier français. Elle est ensuite occupée par les Allemands et remise en état pour réparer des chasseurs. Elle cesse son activité en 1946.

La bataille de Cravant
Après le Traité de Troyes en 1420, l'Angleterre occupe toutes les terres situées au Nord de la Loire. La Guerre de Cent Ans fait rage.
Jean ier de bourgogne dit sans peurHenri v d angleterre 1386 1422En 1422, après l'assassinat de Jean Ier de Bourgogne dit Sans-Peur (1371/1419 portrait de gauche) et la mort soudaine du roi d'Angleterre, Henri V (1386/1422 portrait de droite), les Bourguignons livrent une guerre sans merci contre les Français. Le dauphin de France, Charles VII, comprenant que pour bouter les Anglais il doit d'abord briser l'alliance anglo-bourguignonne, décide de lancer ses troupes à la conquête de la Bourgogne dont la clef est la ville de Cravant, à la jonction entre l'Yonne et la Cure et de toutes les routes de Bourgogne. Il y envoie son meilleur homme, Tanneguy III du Chastel (1369/1449), qui, avec ses alliés écossais, se retrouve à la tête d'une armée de près de 15 000 hommes.
Mais la ville est gardée par Claude de Chastellux (+1453), chambellan du duc de Bourgogne, héros de l'armée bourguignonne et conquérant de Louviers. Le siège de Cravant commence. La ville est totalement encerclée, sans aucune possibilité de sortie. Les vivres commencent à manquer et les Bourguignons sont contraints de manger leurs chevaux, mais vaillants, ils tiennent bon. Après 5 semaines de siège, le duc de Bourgogne ordonne à Jean II de Toulongeon (1381/1427), son conseiller et chambellan, de porter secours à Claude de Chastellux : 6000 hommes sont réunis, deux fois moins que l’adversaire, mais il faut sauver Cravant et le 31 juillet 1423, la bataille s'engage.
Les Français occupent une position fortifiée au-dessus de la montagne. L'assaut est donné. Les forces se concentrent sur le pont de l'Yonne, et la charge est si téméraire et si brutale que les Français battent en retraite. Les Ecossais résistent encore un peu, mais bientôt fuient à leur tour, et Claude de Chastellux exécute une audacieuse sortie de la ville, massacre les fuyards et s’empare du futur connétable John Stuart (1381/1424).
Près de 6000 Français meurent au combat. La victoire est totale.
C'est la plus grande victoire militaire de toute l'histoire de la Bourgogne.

Seigneurs et gens de la noblesse

Au XIème siècle, mes ancêtres portant le nom de de Cravant sont seigneurs de la ville (voir tableau Mes ancêtres en bas de page) jusqu’à : Auguste de Cravant (1048/1103) qui aura deux filles qui poursuivront cette branche généalogique sur les seigneuries de Courson et de Toucy et un fils qui n'est pas dans ma descendance mais qui poursuit la branche des Claude de chastelluxseigneurs de Cravant, de père en fils, avec Philippe Ier (1114/1174), Philippe II (1149/1208), Robert Ier (1179/1241), Robert II (1205/1259), Robert III de Cravant (1237/1299) …

Le maréchal Claude de Chastellux (+1453 portrait de gauche) seigneur de Courson, reprend la ville en 1421 et la rend au chapitre de la cathédrale d’Auxerre. Le roi Charles III dit Le Simple (879/929) avait d’ailleurs agi de même en 900, en restituant à l’évêque Cravant qui avait été enlevé au clergé par mon ancêtre Charles de Herstal dit Charles Martel (688/741), lequel évêque la cède au chapitre de la cathédrale en 933.

Cravant est, jusqu’à la Révolution Française, la seigneurie principale du chapitre.

 Patrimoine 

Les vestiges des fortifications témoignent du passé. Elles sont octroyées par lettres patentes de juillet 1384, pour préserver marchands, habitants et denrées.
De nombreuses fois restaurées, elles sont démolies en 1792. Les fossés sont vendus à partir de 1820, comblés, aménagés en Promenades en 1829 et plantées de 1855 à 1907.

Le beffroi, construit au Nord du village, est, à l’origine, la plus haute des tours de l'enceinte fortifiée. Les fossés commencent au pied. Il sert à protéger les denrées entreposées dans le premier port de l’Yonne.
Un escalier à vis de 36 marches mène à une porte ogivale au sommet de la tour de guet qui permet la surveillance des 5 vallées.
Sa façade est plate et cintrée à son sommet d’un côté, demi-circulaire sur le restant. Une galerie à créneaux couronne le sommet surmonté par un campanile.

Le donjon, bâti en 1304, transformé en Hôtel de Ville, est incendié en 1735.
Sa salle gothique recèle d'étonnants idéogrammes laissés par les seigneurs à l'époque où il était utilisé comme prison de l'Évêché d'Auxerre. Il a de nombreux rôles au cours des siècles, prison des chevaliers de l’Ordre du Temple, tour de guet, caserne, résidence seigneuriale, puis habitation privée à partir du XVIIème siècle.
Il est classé aux Monuments Historiques en 1991.

Les trois portes, permettent à l’origine d'entrer ou de sortir du village :
- La porte du Bas dite d'Orléans, porte principale, où se trouve le Corps de Garde. Par cette entrée passent les régiments des rois Louis XIV et Louis XV de 1694 à 1740, les soldats des 6 coalitions républicaines et impériales, puis ceux de la Première Guerre Mondiale, logés dans ce Corps de Garde ou au Donjon.
Cette porte reconstruite au XVIIIème siècle, de forme élancée, est flanquée de 4 clochetons fleuronnés de Lys, couronnée d'un Campanile où trône une horloge, avec entrée voûtée, de forme ogivale. Elle est restaurée en 1702, 1722 et 1755, puis remplacée, après la construction du nouveau pont, par l'actuelle construite entre 1783 et 1785. La niche réservée à la Vierge de 1784 est encore visible. La porte est supprimée en 1840.
- La porte du Haut dite de la Poterne.
- La porte d'Arbault et sa tour de 1492, rénovée au XVIIIème siècle, permet d'accéder aux champs de chanvre, aux vignes de Monteloup, au hameau céréalier de Cheuilly ainsi qu'à la source miraculeuse de Notre Dame d'Arbault qui avait, dit-on, le pouvoir de ressusciter les enfants mort-nés le temps qu'ils soient baptisés.

Le port et l’alignement des entrepôts, le long du faubourg Saint-Nicolas, avec ses piliers de pierre blanche, ses ouvertures en voûtes de plein cintre.
A partir de 1542, le flottage du Bois, venu surtout du Morvan, apporte une nouvelle activité.
Le bassin actuel, sur le Canal, est désormais réservé à la navigation de plaisance.

Le grenier à sel fonctionne jusqu'en 1604, relativement bien conservé avec une de ses tourelles ; l’entrée en contrebas, flanquée de 2 piliers de pierre blanche ; les logements du gardien et des employés, avec, au fond, un passage souterrain. C’est le haut-lieu du commerce au confluent de l'Yonne et de la Cure.

Le puits public derrière l’église, un des derniers, il y en avait 7 au XVIIIème siècle.

Les maisons à colombages du XIVème siècle et les Maisons à tourelle et à meneaux du XVIème siècle.

Les halles construites en 1451, sont le reflet de la grande activité économique de la cité. Négociants et marchandises s’y côtoient au cours des marchés et des grandes foires médiévales. Au XIXème siècle, elles deviennent l’école des garçons puis en 1999 la bibliothèque du village.

Le couvent des Ursulines où 10 Ursulines s'installent en 1644. Il est composé d’une église, cloître, cellules, et 2 salles de classe pour l'éducation des jeunes filles. Jusqu'en 1682, 20 religieuses et 40 élèves prospèrent. De 1720 à 1734, le bilan est négatif et la dette est importante. En 1737, l'Evêque de Caylus supprime le noviciat, réduit à 7 le nombre des religieuses. Un économe est nommé en 1748 pour régir et faire l'Inventaire et la vente des biens est décidée. L'hôpital, demandé par les habitants, prend la relève des Ursulines, pour les malades et l'Enseignement des jeunes filles.

L’hôpital-école au XVIIIème siècle.  Les cours sont assurés par une religieuse-enseignante et un recteur d'école, logé dans un bâtiment de l'hôpital. Cravant possède un Instituteur depuis 1401. Plus tard, on installe aussi des élèves dans les Anciennes Halles.
Désormais l'Hôpital est un groupe scolaire moderne qui conserve son infrastructure d'époque : pierres apparentes, fenêtres en ogive, entablements de pierre, encadrement de portes …

La chapelle Saint Désiré du hameau de Cheuilly, date du XVème siècle.

L’église Saint-Pierre-Saint-Paul est construite au IXème, agrandie au XIème puis reconstruite à la fin du XVIème siècle.
Son imposant clocher à trois étages, surmonté d’un toit à quatre pans, date de 1551. Sa tour carrée est restaurée en 1788. Le chœur et le sanctuaire sont de 1543 et les chapelles de 1553 et 1598, comme la nef réparée en 1781 et 1828. Un contrefort porte la date de 1580 et le grand portail est également du XVIème siècle. Un déambulatoire sert de portique à onze chapelles rayonnantes de la Renaissance. Dans la chapelle des Morts, un bénitier est daté du XIIIème siècle.
Elle est classée aux Monuments Historiques en 1906.

La mairie est bâtie au XIXème siècle, tout comme la Fontaine de la rue d'Orléans, les Lavoirs du bourg et du Cul d’Oison du hameau de Cheuilly restauré récemment.

La stèle commémorative de la bataille de Cravant est inaugurée en 2000 par la municipalité et l'Auld Alliance. Elle commémore le sacrifice des soldats franco-écossais morts en combattant les anglo-bourguignons, en 1423, devant les remparts de la ville.

 Personnages liés à la commune 

Pierre allexi ponson du terrail 1829 1871Pierre Allexi Joseph Ferdinand de Ponson du Terrail (1829/1871 portrait de droite) vicomte, écrivain populaire. Il écrit 200 romans et feuilletons en 20 ans. Il est l’un des maitres du roman-feuilleton, notamment célèbre pour son personnage Rocambole, dont le nom est passé dans la langue française avec l’adjectif rocambolesque. Sa mort prématurée est due en partie aux souffrances et aux fatigues endurées lors de son implication dans la Guerre de 1870. Il résida en partie à Cravant.Georges descrieres 1930 2013

Georges Bergé dit Georges Descrières (1930/2013 portrait de gzuche), comédien, sociétaire de la Comédie Française. Il résida à Cravant dans la maison de Ponson du Terrail.

Léon Breton (1861/1940), dirigeant français du cyclisme, il est sociétaire du Paris Université Club (PUC) et du groupe sportif du Crédit lyonnais, président de l'Union Cycliste Internationale de 1922 à 1936. Il est né dans la commune.

Pierre Jutand (1935/2019), artiste peintre. Il est élève de l’Ecole Boulle, de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Il s’installe à Cravant en 1966 où il décède.

 Hameaux, lieux dits, quartiers et écarts 

Cheuilly, Le Vieux Moulin, La Baraque, La Maison Pérignon…

Le Faubourg Saint-Nicolas, près de ce dernier une Léproserie voisine au XIIème siècle avec Le faubourg Saint-Jean, Le faubourg Saint-Antoine avait sa chapelle sur la route de Vermanton.
La chapelle d’Arbaud avait donné naissance à un populeux faubourg qui a disparu après les pèlerinages.

 Evolution de la population 

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 Nos lointains ancêtres de la noblesse de Cravant ... 

Au IXème siècle, mes ancêtres seigneurs de Seignelay sont à l’origine de la descendance des seigneurs de Cravant :
Teudon Ier de Seignelay (°882) épouse Giselberthe de Cravant (°891). Ils ont au moins deux enfants : Alixe et Iton.
Iton de Seignelay (912/979) épouse Aglaé de Vergy (922/978). Ils ont au moins un fils : Boson.
Boson Ier de Seignelay (940/1002) d’une épouse inconnue à un fils : Alwalon.
Alwalon Ier de Seignelay (965/1020) d’une épouse inconnue a un fils : Boson.
Boson II de Seignelay (990/1048) épouse x de Cravant. Ils ont au moins deux fils : Teudon de Seignelay, seigneur de Seignelay (voir page sur Seignelay) et Geoffroy de Cravant, seigneur de Cravant qui suit.

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 Carte Cassini 

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Sources
Sites et photo : Wikipedia, Mairie , La Bataille de Cravant, Tourisme culturel dans l’Yonne.

Date de dernière mise à jour : 22/07/2019