Alvimare

 

Alvimare seine maritime adm

 

Alvimare seine maritime geoSituée au carrefour du Pays de Caux, à 45 Kms de Rouen et du Havre, Alvimare est une commune rurale à forte concentration agricole.
La commune est située sur la voie romaine reliant Lillebonne à Grainville autrefois défendue par une motte féodale.
Les communes limitrophes sont : Cléville, Ecretteville-lès-Baons, Foucart, Trouville, Allouville-Bellefosse.

 Toponymie 

Alvimara = la mare d'Hadalwinus entre 1156 et 1161.
Halivi-mara et Halvini-Mara ainsi que la chapelle d'Alvinbusc sont mentionnés au Moyen-âge sur la charte d’Henri II Plantagenêt (1133/1189), duc de Normandie, d'Aquitaine et roi d'Angleterre, et sur  le Pouillé de l'archevêque de Rouen, Eudes Rigaud (1210/1275).

Drapeau francais fond blanc Histoire 

Les premiers occupant du territoire de la commune s'installent sur une motte féodale et un poste gallo-romain.
Au XIème siècle, Guillaume dit Bonne-âme (+1110), archevêque de Rouen, donne le manoir de Cléville et la chapelle Notre-Dame d’Alvimare, dépendant de l’église de Cléville, à l'abbaye Saint-Étienne de Caen ou il a été abbé de 1070 à 1079. A cette époque, une fortification marque en ces lieux la puissance de la Famille Bellenguel. Il ne reste qu'une motte féodale entourée d'une mare, peut-être des vestiges de douves et la chapelle.
Au XIIIème siècle, Alvimare est érigée en paroisse.
En 1295, un procès oppose les seigneurs, patrons honoraires et maîtres temporels de la paroisse, et l’abbé de Saint-Etienne de Caen à propos du droit de patronage de l’église Saint Benoît et de la chapelle Notre-Dame d’Alvimare. La chapelle est adjugée aux moines de Caen au préjudice des seigneurs des Blanques en 1321. L’accord est confirmé en 1329 par le roi de France Philippe VI de Valois (1293/1350).
En 1348, L'épidémie de Peste Noire sévit à Alvimare comme dans beaucoup de communes européennes.

Seigneurs  et gens de la noblesse

La Famille d’Alvimare a longtemps occupé un rang élevé dans la noblesse de ce lieu, elle s’est divisée en plusieurs branches.

La chapelle tient son nom de la Famille Bellenguel disparue vers la fin du XIVème siècle. La première mention concerne Raoul Bellenguel qui figure comme témoin dans la charte par laquelle Gautier Gifïard fait don de l'église de Bolbec à l'abbaye de Bernay, en 1080. Entre 1079 et 1101, son frère, Guillaume Bellenguel, conclut avec Gilbert, abbé de Saint-Étienne de Caen, un accord terminant un conflit qui l'oppose au monastère, et qui a pour objet une terre située en direction de Cléville entre la maison au lieu dit les Blanques, et le chemin d'Arques. 
Au XIIIème siècle, Guillaume Bellenguel (1357/1409) est en 1380 chambellan du roi Charles VI dit LeFol (1368/1422), il est cité sur la  liste des chevaliers tenants du roi au Pays de Caux, il est l'époux de Jeanne de Saane.
Leur fille Jehanne de Bellengues (+1420), appartient à la plus grande Maison et à la plus haute lignée de Normandie, on dit d'elle qu'elle est la plus belle Dame du pays. Elle aime les fêtes et les danses et est entourée de dix demoiselles d’honneur. Au début du XVème siècle, elle s'attire les hommages d’un noble espagnol, don Pedro Nino, comte de Buelna, qui voyage en France, mais elle est mariée à l’amiral Renaud de Trie (+1406), seigneur de Sérifontaine, capitaine et garde des châteaux de Saint-Malo et Rouen, grand maître des arbalétriers en 1394 et amiral de France de 1397 à 1405. Ce dernier n'est pas longtemps un obstacle pour les amants, car épuisé par les fatigues de la guerre, il meurt en 1406. Il est question de remariage mais don Pedro retourne dans son pays et Jehanne épouse Jean V Mallet de Graville (1381/1449), grand maître des arbalétriers de France et compagnon de Jeanne d’Arc qui rend aveu au roi en 1411 pour la terre de Bellengues qu'il conserve jusqu’en 1419. A cette date, les Anglais envahissent la Normandie et en vrai patriote, il  préfére se faire confisquer ses biens, plutôt que de se soumettre au roi anglais et part en exil. Ses terres sont donnés par le roi Henri V d'Angleterre (1386/1422) à Louis de Robessart. Jehanne, voulant conserver son fief, laisse son mari partir seul pour l'exil et se rallie au monarque anglais. Elle meurt sur ses terres de Bellengues.
En 1457, le marquis Pierre Crespin de Mauny rend aveu de domaine et devient le seigneur de Bellengues, puis son fils, Louis de Mauny qui rend aveu au roi en 1484 et la fille de ce dernier Marie de Mauny (+1537), épouse en  1503, Jean de Camprond, seigneur du Loré et de Gisors qui rend aveu en son nom pour Bellengues et Caumare. Elle fait édifier vers 1518 une chapelle, dans la cour de l’ancien manoir avec l’autorisation de l’archevêque de Rouen. En 1521, la seigneurie lui appartient. Le domaine fieffé comprend 1140 acres de terre et le domaine non fieffé 146 acres. Elle décède sans descendance et est inhumée à Alvimare.
Le domaine passe alors à Jehan Poullain de la Choletière (+1548) son cousin germain, petit fils d’une sœur de Louis de Mauny, originaire du Perche, époux de Marguerite d'Isy, qui est inhumé à Alvimare.
François Poullain de la Choletière (+1586) lui succèdeil est l'époux de Charlotte de Brévilliers (+1580), le couple est inhumé également à Alvimare ; puis David Poullain de la Choletière (+1592), écuyer, Marié deux ans seulement à Marthe de Langouge, il meurt jeune au siège de Rouen ; Leur fille Hélène Poullain de la Choletière épouse François de la Ville (+1621), sieur du Val Robert, gendarme du connétable qui meurt au siège de Montauban.Veuve à 30 ans, elle se confine dans son domaine d’Alvimare où elle vit en faisant le bien. En 1641, elle hérite du domaine des Blanques. En 1642, elle fait restaurer la chapelle et construire le narthex (vestibule partie soutenant le clocher et l’entrée). Elle y fait placer une table de pierre, sculptée et enrichie à ses armes, sur laquelle une longue épitaphe est inscrite à la mémoire de son père, de sa mère et de son époux. Cette pierre obituaire en marbre noir, de 1645, est conservée et scellée dans le mur Sud de la nef. Elle place aussi les armoiries des familles dont elle est issue sur une litre funéraire. La bande noire est encore visible dans le narthex avec des traces d’armoiries d’un marquisat. Elle fait ajouter un petit clocher à tinterelle en 1644. Elle donne six acres de terre, à la condition d’être enterrée sous la voûte de la tour de l’église, à côté des membres de sa famille. Sans descendance, son héritage passe aux mains de Philippe de Vaudrets, sieur d’Herbouville, qui le laisse à son fils François de Vaudrets qui vend en 1663 la terre de Blanques à Adrien Sécart (+1664), sieur de Saint-Arnoult et d’Auzouville-sur-Fauville, conseiller au Parlement de Rouen, époux depuis 1632 de Jacqueline de Peverel de Montéraulier, et meurt un an plus tard laissant deux fils et quatre filles dont Madeleine Sécart  (°1643) qui épouse en 1662 avec Abraham Adrien de Rouen de Bermonville, baron d'Alvimare, qui émigre lors de la Révolution Française.
Au XIXème siècle, le domaine est la propriété de Mme Roussel qui fait restaurer l'autel de la chapelle fait de briques pour un nouveau en bois. Il est composé de trois anciens coffres.

 Patrimoine 

L’église Notre-Dame
Elle remplace une ancienne église du XIIIème siècle, dont le clocher et le transept sont refaits au XVIème siècle et le chœur en 1654.
Au XVème siècle, Guillaume Collés dit Boiguillaume, curé d'Alvimare, est notaire publique et greffier lors du procès de Jeanne d'Arc (1412/1431) à Rouen.
En 1642, Hélène Poullain fait construire le narthex (vestibule de l'église, partie qui soutient le clocher et l'entrée) et place une épitaphe dans le chœur qui rappelle la généalogie des seigneurs des Blanques. Elle place aussi les armoiries des Familles dont elle est issue sur une litre funéraire.
Située sur un tertre, entourée du cimetière mais vétuste, et éloignée du centre du village, cette première église est démolie, seul, le cimetière subsiste.
Une  nouvelle église est construite en 1860 en style néo-roman, avec une tour-clocher à la croisée du transept. Fragilisée dès l’origine par des erreurs de conception et de construction, l'église est frappée par la foudre. De gros sacrifices sont faits par les habitants pour la consolider.
Dans le narthex sont encore visibles des traces d'armoiries d'un marquisat. Une pierre obituaire, à la mémoire de Jules Dufresne et de sa sœur Mme Giffard, généreux souscripteurs lors de la reconstruction de l'église, est présente à gauche du maître-autel. Les vitraux représentent Notre-Dame de la Paix et Jeanne d'Arc. Des fonts baptismaux néo-romans ont remplacé ceux du XIIIème siècle.

Le manoir féodal
Construit après la fortification primitive, il n'en reste à présent que quelques murs arasés, dans un îlot marécageux entourés de fossés toujours remplis d’eau, parmi lesquels apparaît l’ouverture effondrée d’un souterrain.
En 1871, l'abbé Cochet en parle ainsi : Des fossés profonds et remplis d’eau, des mottes et des tertres couverts de halliers, attestent l’ancienne importance de cette vieille seigneurie. Les broussailles recouvrent les murs arasés d’un donjon. 
A la fin du XIXème siècle, une maison, construite en pierre de taille, au temps de la Renaissance, atteste de la vieille majesté du manoir démoli par les années et dégradé par les révolutions. Des mottes et des fossés encore debout dans un taillis sont les derniers témoins de cette existence féodale.

La ferme des Blanques
Alvimare, sur le plateau à l'Est de la forêt de Lillebonne, posséde encore au XIXème siècle, dans la ferme des Blanques, les vestiges d'une fortification de terre, une motte circulaire, avec plusieurs basses-cours. La ferme est très isolée au bout du village et au milieu des champs, au centre de sa cour, un petit îlot trapézoïdal entouré d'eau.
Cette ferme est autrefois le siège d'une maison-forte, détruite avant le début du XIXème siècle. Elle comporte encore à cette époque des parties du XVIème siècle, comme la chapelle en colombage au bord de la douve fondée en 1518.

La chapelle des Blanques
S
ituée dans la cour de l'ancien manoir, dédiée tout d'abord à sainte Barbe, puis à sainte Anne, elle est édifiée par Marie de Mauny, dame de Bellengues et suzeraine du lieu, vers 1518.
C’est un édifice à plan allongé comportant une base en pierre surmontée de murs en colombages et des toits à longs pans en ardoise et croupe vers le chevet. Les murs de l'intérieur sont en plâtre. Elle est divisée en deux parties peu élevées,  une petite nef surmontée d'un clocher en ardoise et un chœur circulaire. La voûte est en bois.
En 1535, le seigneur du lieu y exerce son droit de patronnage qu’il conserve jusqu’à la Révolution Française.
Cette chapelle en bois sur une première assise en maçonnerie est unique dans le département. Elle contient de jolies statues de Sainte Barbe et de Sainte Anne et chaque année, depuis 500 ans, la messe y est célébrée pour la fête de la sainte Anne. Elle est classée aux Monuments Historiques en 1974. Elle est aujourd'hui privée et vient d'être restaurée.

Les croix de pierre, dites croix des Blanques
Ces croix, près de la chapelle, dont la plus haute est classée aux Monuments Historiques, sont liées à la légende de la demoiselle de Mauny d'une beauté ensorcelante.
Au temps jadis, les sires d’Auzouville et d’Auberbosc, deux chevaliers cauchois, aspirent tous deux à la main de la demoiselle. Egalement épris des beaux yeux de la châtelaine, aucun ne veut céder. Il est donc décidé de s’en remettre à la fortune des armes, et un furieux combat s’engage. Les deux chevaliers périssent ensemble dès le premier choc. Ils sont inhumés à l’endroit où ils ont combattu et la demoiselle demande qu'une croix soit élevée sur le tombeau de chacun de ceux qui ont combattu pour elle. La croix la plus belle et la plus somptueuse est dressée là où repose celui des deux qu’elle préfére secrètement.
Selon une autre légende, ces croix sont dressées à la mémoire d’un soldat français et d’un soldat anglais, morts face à face pendant la Guerre de Cent Ans entre 1337 et 1453. La plus haute est à la mémoire du Français.
Vraisemblablement, ces croix indiquent les limites de deux paroisses ou de deux seigneuries. 

 Hameaux, lieux dits et écarts 

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Les Blanques : A la fin du XIXème siècle, une maison, construite en pierre de taille, au temps de la Renaissance, atteste encore la vieille majesté du manoir démoli par les années et dégradé par les révolutions. Des mottes et des fossés encore debout dans un taillis sont les derniers témoins de cette existence féodale, ainsi que l’île des Blanques, encore entourée d’eau, qui avoisine la chapelle et la métairie. Ce tertre couvert de ronces dont les halliers cachent les murs arasés d’une forteresse, s'appelle autrefois Bellenges ou Bellengues. Avec le temps, le nom s’est transformé.

 Personnages liés à la commune 

Alexandre hebertAlexandre Hébert (1921/2010, portrait de droite), syndicaliste, né à Alvimare.
Engagé dès son plus jeune âge dans les combats du mouvement ouvrier, il occupe durant des décennies des responsabilités syndicales.
Militant lutte des classes, fondateurs de la CGT-FO, de l’UAS - Union des Anarcho-Syndicalistes et directeur de publication de l’Anarcho-Syndicaliste.

Hardouin (+812), moine et ermite du VIIIème siècle, spécialiste du comput et de la calligraphie onciale, né à Alvimare et décédé à l'abbaye de Fontenelle-Saint Wandrille
Il est un excellent mathématicien et un des meilleurs copistes de manuscrits..

 Evolution de la population 

En 1738, Alvimare comptait 103 feux. En 1820, 176 feux.

Alvimare seine maritime demo 1

 Nos ancêtres d’Alvimare…      

Alvimare seine maritime ancetres

 Carte de Cassini 

Alvimare seine maritime cassini

 

 


 

Notes :

 (1) Un fief de haubert est, en Normandie et en Bretagne, au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, un fief possédé à l'origine par un chevalier.
Il doit se faire armer chevalier, avec cheval et épée, et servir à l'ost de son seigneur avec le haubert (cotte de maille) sorte d'armure très onéreuse que seuls les chevaliers peuvent utiliser.
Le terme de fief de haubert est appliqué à toute espèce de fief appartenant à un chevalier. Selon la coutume de Normandie, le fief de haubert est considéré comme une partie d'une baronnie, puisque les barons normands doivent au duc, dix, cinq ou deux chevaliers et demi à l'ost ducal, ou au roi après 1204.
Noble par essence, ce fief ne peut être partagé entre frères. Il tombe dans l'héritage de l'aîné, sauf dans le cas où les biens des pères et mères des héritiers permettent de le concéder à un cadet sans préjudice des droits d'aînesse.

 


 

Sources
Sites et photo :
Wikipedia ; Communauté de communes Cœur de Caux ; Flickr.com ; Cercle généalogique du Pays de Caux Alvimare, Terre des seigneurs des Blanques.
Livres : Etat présent de la noblesse française d’après les manuscrits de Ch. D’Hozier de 1886 et  Description géographique et historique de la Haute-Normandie, Tome 1 – Le Pais de Caux » de 1740.

 

 

Date de dernière mise à jour : 11/10/2021