Mounès-Prohencoux
La commune de Mounès, située sur les contreforts vallonnés des Monts de Lacaune, offre une magnifique vue sur la plaine du Rougier. Le Rance et ses affluents ont entaillé le relief de profondes vallées aux pentes abruptes.
Le Sud et l’Est de la commune sont constitués de terrains très anciens (Cambrien) appartenant au domaine des Monts de Lacaune. La plus grande partie de la commune est cependant constituée de dépôts continentaux de grès et pélites (Permien), de couleur brun rouge à rouge.
De nombreuses fermes, hameaux et villages sont disséminés dans une mosaïque de paysages variés.
L’activité de la commune de Mounès est quasi exclusivement tournée vers l’agriculture, l’élevage des bovins et des ovins constituant les deux principaux types d’élevages. Le lait des ovins servant notamment à fabriquer le Roquefort, tandis que le lait de vache sert à fabriquer divers fromages régionaux réputés. La production de viande de qualité fait également partie de l’activité d’élevage pratiqué.
Hydrographie
La commune est drainée par les rivières : le Rance, le Liamou, le petit Rance, le Riaudou, le Crouzet, le Rajal, Les Gazes, et les ruisseaux : de Cadepau, de Cadernac, de la Borie, de Laime, de l'Albespy, de Prunelles et par divers petits cours d'eau comme la Vigne.
Le Rance, anciennement nommé Alranre, prend sa source au Sud du Massif Central sur les Monts de Lacaune au mont Merdelou, dans le Parc naturel régional des Grands Causses, et se jette dans le Tarn en rive gauche à Trébas(Tarn).
Le Liamou, prend sa source dans la commune et se jette dans le Rance à Belmont-sur-Rance, après avoir arrosé 3 communes.
De nombreuses petites sources de fond de vallon, aux débits réduits, peuvent localement contribuer à l’alimentation en eau des fermes et hameaux.
Histoire
Préhistoire
La découverte de nombreux outils en pierre permet d’attester une présence humaine très ancienne. Quelques groupes humains occupent épisodiquement la région aux périodes de la préhistoire ancienne, Paléolithique Inférieur (650 à 250 000 ans avant Jésus-Christ) et au Paléolithique Moyen (120 à 70 000 ans avant J.-C.). Un long hiatus marque la période du dernier glaciaire, sans doute à cause de conditions climatiques très rudes. Quelques millénaires après la fin de la dernière glaciation, les derniers groupes de chasseurs collecteurs du Mésolithique (environ 7500 avant J.C.) réoccupent temporairement la région, suivis par les premiers hommes du Néolithique Ancien (environ 5500 avant J.C.). Au Néolithique Moyen (culture chasséenne vers 4000 avant J.C) arrivent les premières importantes communautés agricoles qui vont prospérer. La région est habité quasiment sans discontinuité jusqu’à l’Âge du Bronze. De nombreux outils en silex et roches dures témoignent de la présence de ces premiers agriculteurs/éleveurs. L’apogée des communautés agro-pastorales est atteinte à la fin du Néolithique au moment de la découverte de la métallurgie du cuivre, le Chalcolithique est également attesté par la présence de nombreux outils en silex et chaille, notamment par le type de pointe de flèches dites en sapin caractéristiques de cette période.
Le vaste courant Mégalithique se développe dans toute l’Europe. Douze statues-menhirs, un des plus importants lot, est découvert sur le territoire de la haute vallée du Rance. Les statues-menhirs représentent des personnages gravés dans la pierre, clairement sexués, leurs attributs indiquent leur sexe, masculins avec armes, féminins par la parure et les seins. Leur signification est totalement inconnue. Malgré le mystère qui les entoure, elles représentent, gravées dans la pierre, l’image de femmes et d’hommes vivant dans la région il y a près de 5000 ans.
La Protohistoire
La protohistoire n’est connue qu’au travers quelques céramiques mises au jour sur un replat de la vallée du Rance. Elles sont datables de la fin de l’Âge du Bronze ou du début de l’Âge du Fer.
L’Antiquité
Il n’existe pas de vestiges majeurs de cette période hormis quelques sites livrant divers fragments de tegulae et imbrice, ainsi que quelques tessons de céramique sigillée.
Le Moyen-Age
Quelques sarcophages peuvent indiquer une présence durant le Haut Moyen-Âge, mais la plupart sont probablement datables du Bas Moyen-Age vers le XIIème siècle. Plusieurs châteaux ou demeures seigneuriales, Prohencoux, Frègeville, Falgous sont construits par les seigneurs locaux. Seuls subsistent de nos jours Falgouset Prohencoux.
La Révolution Française : Capture en 1794 d’un prêtre réfractaire, Joseph Puech, originaire du Tarn, vicaire de Murat-sur-Vèbre.
Quand les prêtres insermentés commencent à être persécutés, il décide d’aller trouver refuge dans le Rouergue. Loin de rester caché, ce prêtre courageux veut continuer à apporter le secours de la religion aux Aveyronnais qui l’ont accueilli. Le 22 janvier 1794, il doit dire la messe à Mounès-Prohencoux, il est dénoncé par un traître et aussitôt arrêté. Enfermé à Rodez en attendant son exécution qui a lieu un mois plus tard, le 21 février 1794, il a le temps d’écrire une lettre à sa cousine : "… C’est pour la dernière fois que je vous écris et que vous recevez de mes nouvelles. Je n’ai plus que quatre heures de temps à vivre. Il y a environ une demi-heure la sentence qui me condamne à perdre la vie sur l’échafaud est tombé… Je quitte ce monde sans regret et sans peine ; le Seigneur me fait cette grâce… je meurs pour le soutien de la religion catholique, apostolique et romaine ; voilà ce qui fait ma consolation et ma joie… Je pardonne bien sincèrement à ceux qui m’ont fait quelque mal, à tous ceux qui sont cause de ma mort. Je prie le Seigneur qu’il nous fasse miséricorde à tous…".
La Première Guerre Mondiale (1914-1918) coûte la vie à de nombreux jeunes hommes de la commune sur les fronts de la Marne, de la Somme, ou des Ardennes.
La Seconde Guerre Mondiale (1939-1945) : Le maquis Bouscalous et le drame de Sainte-Radegonde
Cette guerre est marquée par l’épisode tragique de l’attaque du Maquis de Bouscalous le 6 mai 1944 par les GMR (Groupes Mobiles de Réserve : unités paramilitaires crées par le Gouvernement de Vichy) venant de Béziers.
Léon Fréchet (1893/1987, portrait de droite), polytechnicien, directeur des caves de Roquefort, protestant et homme d’autorité, entre en résistance. Grâce à son activité laitière et ses nombreuses connaissances, il rentre en contact avec des personnes comme Alfred Merle, directeur d’une usine de ganterie à Millau; Jean Carrière, notaire et gendre du précédent, et bien d’autres personnes animées par un même esprit de résistance.
Le mouvement s’étend à Rodez, Espalion et jusqu’à Montpellier. Des jeunes réfractaires rejoignent la Résistance et sont cachés. Les chantiers de jeunesse s’engagent dans la clandestinité. L’armée secrète se construit. Grâce à toute une population intergénérationnelle et interprofessionnelle, la Résistance s’organise. Il y a des relais partout.
Un peu brouillon au départ, le maquis se structure : maquis d’orientation (lieux d’accueil, fourniture de faux papiers), maquis refuge (qui se réunit dans des lieux difficiles d’accès avec des façades légales), maquis d’action qui récupère des armes, le corps franc de la Libération auquel appartient le maquis Bouscalous. La Résistance de sauvetage consiste à aider les Juifs et les réfractaires (familles, écoles, couvents).
Les actions du maquis déstabilisent les Allemands (attaques de colonnes, destruction de ponts, lignes électriques haute tension, protection de responsables de la Résistance, sabotages d’entreprises, parachutages…). L’Aveyron de par sa situation n’attire pas l’attention, ainsi cinq terrains d’atterrissage sur le Saint-Affricain récupèrent des armes et des hommes.
Du maquis Bouscalous, cinq hommes sont déportés et trois meurent à Buchenwald. Un seul survit à la déportation. Trois sont sauvés dont deux reprennent le combat et tombent sous les balles allemandes à Sainte-Radegonde. Aujourd’hui encore, en Aveyron, 70 ans après les faits, le nom de cette commune proche de Rodez est assimilé à la fusillade qui, le 17 août 1944, en fin d’après-midi, entraîne la mort de 30 otages, sous les balles de la Wehrmacht.
Les prisonniers sont ligotés deux par deux avec du simple fil électrique et solidement encadrés par les soldats en armes mais un événement fortuit se produit : la fuite d’un 31ème prisonnier, seul à ne pas être attaché. Il trouve refuge dans un champ de maïs proche et échappe, dans cette haute culture, aux tirs des gardes.
Les soldats poussent donc 30 otages vers la butte et la tranchée. Malgré l’éloignement et le vent, les témoins oculaires indiquent avoir entendu des bribes de la Marseillaise, dernier défi de patriotes à leurs bourreaux. Les silhouettes des uns et des autres, face à face, se dessinent dans le soleil couchant, les deux lignes n’étant séparées que d’une dizaine de mètres. Sur un monticule proche, une autre silhouette, celle de Fienemann (interprète avec grade de caporal de la Gestapo de Rodez), dont vient l’ordre de tir. Les rafales de mitraillettes crépitent et les corps liés s’effondrent sur le sol ou dans la tranchée, heurtant les parois verticales. D’autres rafales achèvent les agonisants et les corps restés sur le sol sont précipités dans la fosse.
Tous les observateurs, le lendemain, font les mêmes constats : corps déchiquetés, cheveux accrochés aux pierres de la paroi, faible couche de terre et de pierres recouvrant les morts. Tous évoquent plus un charnier négligé qu’une digne sépulture. Tout indique la volonté des exécuteurs d’en finir rapidement, de ne pas s’attarder sur le lieu de leur crime, la veille de leur retraite.
Par son déroulement, cette fusillade ne peut échapper à la qualification de crime de guerre.
Ce n’est qu’en 1951 que se déroule, à Toulouse, le procès de la Gestapo de Rodez. Les temps ont changé et ne restent pour répondre de leurs crimes que Bottger et Fienemann. Le verdict choque par sa mansuétude au vu de l’acte d’accusation : « vingt ans de travaux forcés pour Fienemann, dix ans de la même peine pour Bottger et vingt ans d’interdiction de séjour pour les deux hommes. » Une telle sentence souleve stupéfaction et réprobation. Par son indulgence, la Justice donne l’image d’une répression bâclée, inachevée puisque d’ailleurs certains accusés sont absents. La déception est immense. Arthur Fienemann dit Roger Luc ou Le Grand Luc, dit aussi Thor ou la Terreur de l'Aveyron, bénéficie de trois remises de peine et sort de prison en 1958 à l’âge de 54 ans (soit 7 ans après le jugement). Il se reconverti en artiste-peintre, certain de ses tableaux sont encore sur le marché.
Le crime de Sainte-Radegonde perpétré par l’occupant nazi reste gravé dans la mémoire collective. Le 17 août est une journée de commémoration et d’émotion. Le lieu de la tragédie, par la volonté commune, est aujourd’hui un espace sanctuarisé.
Chroniques communales
En 1833, Prohencoux annexe la commune voisine de Mounès.
Le 22 mars 1950, Prohencoux est renommée Mounès-Prohencoux.
Personnage lié à la commune
Henri Cot dit le géant du Cros, nait en 1884, au hameau du Cros. Le père, agriculteur, mesure 1,53m et la mère 1,56m. Quant aux cinq frères et sœurs, aucun ne dépasse la taille de 1,65m.
A l'âge de 8 ans, Henri mesure déjà 1,50m, dépassant d'une bonne tête ses camarades de classe. D'une année sur l'autre, il accumule les centimètres : 1,70m à 12 ans, 1,95m à 16 ans, 2,28m à 20 ans.
Henri est convoqué au conseil de révision et à Saint-Affrique il ne passe pas inaperçu. L'officier de service à la taille doit monter la toise plus que de raison. Les conscrits roulent des yeux ébahis devant son gigantisme. Quant au médecin-chef, il constate une insuffisance thoracique. D'un geste, il le réforme, ce qui n'empêche nullement le préfet de l'Aveyron, M. Rocault, présent à la cérémonie de clôture, de venir lui serrer la main, accompagné des autorités civiles et militaires de la ville. On dit même que cette sollicitation vaut au préfet son avancement.
Le correspondant de La Dépêche du Midi s'empresse de téléphoner la nouvelle aux journaux parisiens. Les jours suivants, une troupe de photographes et de reporters débarque au hameau du Cros.
Grisés par cette soudaine autant qu'étonnante célébrité, Henri Cot et ses parents se prêtent de bonne grâce aux interviews. Chacun y va de son petit couplet sur le dernier rejeton de la famille. Quelques sommités médicales, remontant la lignée, ajoutent leur grain de sel, arguant du fait qu'Henri Cot est le fruit conjugué d'un grand-père maternel et d'une grand-mère paternelle plus grands que la moyenne. Quelques jours plus tard, le portrait d'Henri Cot (ci-contre) fait la une des faits divers. En habits du dimanche, chapeau haut de forme et cocarde de conscrit épinglée à la boutonnière, Henri Cot prendt la pose aux côtés de quelques compatriotes en chapeaux mous, aux airs de lillliputiens ébahis.
La nouvelle tombe dans les oreilles de quelques impresarii qui se disent qu’il doit y avoir là matière à tirer profit d'un tel phénomène. Quand l'un d'eux pose sur la table les 5.000 Frs du contrat qui lui donne l'exclusivité de l'exhiber dans les spectacles à travers le monde, le sort d'Henri Cot est scellé : il devient phénomène.
Patrimoine
Le château de Prohencoux, du XVIIème siècle, est construit sur les vestiges d’un ancien château du XIIème siècle et est partiellement démoli durant la Révolution Française.
Le château de Falgous, construit au XVIIIème siècle, est inscrit aux Monuments Historiques partiellement en 1931 (décor intérieur, cuisine, écurie, pigeonnier).
Le corps de logis est quadrangulaire, flanqué de deux tours, l'une circulaire, l'autre carrée. La porte d'entrée est surmontée de trois corbeaux qui supportent une bretêche. Devant cette façade s'étend une cour bordée à l'Ouest par une aile coupée par des écuries.
Le rez-de-chaussée du château se compose de pièces voûtées. Les anciennes cuisines conservent leur aspect du XVIIIème siècle avec four à pain, évier, réservoir à eau en grès, cheminée, potager...
Au premier étage, une pièce est ornée d'un décor en stuc. Les communs et les chambres sont reliés par un porche en plein-cintre.
Un pigeonnier remarquable de plan carré est couvert de lauzes. Les anciennes écuries sont voûtées d'arêtes, dallées d'origine et possèdent encore la rigole centrale et les mangeoires en grès.
Il est la propriété d’une personne privée.
L’église Saint-Pierre de Prohencoux est bâtie au XVIIème siècle.
L’église Saint-Pierre de Mounès est construite vers 1848 et son lavoir restauré en 2007.
L’église Saint-Martin de Turipi est un ancien prieuré dépendant du Châpitre de Vabres, restauré en église romane.
L’église Saint-Vincent est une église romane comportant quatre gargouilles sculptées.
Le moulin de Crouzet et sa croix de pierre sculptée avec bénitier date de 1782.
Les reproductions des statues menhirs sont visibles sur les sites où elles ont été découvertes à Nougras, Mas Viel, Le Cros.
Le mémorial en l’honneur des membres du Maquis de Bouscalous à Prohencoux.
Lieux-dits, hameaux, faubourgs, quartiers et écarts
Frègeville, Nougras, Le Cros, Saint-Martin de Turipi…
Evolution de la population
Nos ancêtres de Mounès-Prohencoux...
Il est probable que Louis TABARIE ait vécu à Mounès-Prohencoux avec sa seconde épouse car leur premier enfant, Jeanne, y nait en 1735.
Cartes de Cassini
Cartes 17/Albi pour Prohencoux et carte 57/Lodève pour Mounès.
Sources
Sites, blogs, photographies, livres et revues : Wikipedia...
Date de dernière mise à jour : 01/11/2024