Sylvanès
Petit village rural situé dans le Sud du département à 432m d'altitude dans les contreforts des Monts de Lacaune.
Les communes limitrophes sont : Camarès, Fayet, Gissac, Montagnol et Saint-Félix-de-Sorgues.
En 1800 et jusqu'au début des années 1930, la commune est regroupée avec celle de Montagnol.
Hydrographie
La commune est drainée par : le Dourdou de Camarès qui prend sa source dans la commune de Murat-sur-Vèbre (Tarn) et se jette dans le Tarn à Saint-Izaire, après avoir arrosé 13 communes, la Nuéjouls qui prend sa source dans la commune de Mélagues et se jette dans le Dourdou de Camarès à Sylvanès, après avoir arrosé 5 communes, le Cabot qui prend sa source dans la commune de Montagnol et se jette dans la Nuéjouls à Sylvanès, après avoir arrosé 3 communes ;
les ruisseaux de Prugnes, de Carrière Escure, de la Bataille, de la Combe, de Pessales, de Promillac, des Vernhes, du Fajas, du Mas Nau ;
et par divers petits cours d'eau.
Histoire
En 1136, Pons de L'Héras, assassin et voleur converti, fonde l'abbaye de Sylvanès qui connait une grande prospérité jusqu'au XVIème siècle.
Pons de l'Héras
Le castrum de L'Héras, accroché à une impressionnante falaise dolomitique, était situé dans la commune de Saint-Félix de L'Héras, et dominait la vallée de la Lergue au Pas-de-l'Escalette. Il est mentionné dans les cartulaires régionaux en 1126 mais sa trace se perd au cours du XIIIème siècle. Des fouilles effectuées en 1992 mettent à jour une habitation du bas Moyen-Age portant des stigmates d'incendie.
Pons (image de droite), seigneur de l'Héras en 1135, est un vassal de l'évêque Pierre Raimond (1102/1142). Il est riche en biens, d'esprit vif, physiquement fort et intrépide aux armes, mais aussi et surtout sournois, rusé et pillard, en résumé un féodal du début du XIIème siècle, turbulent et brigand sur les bords qui détrousse sans vergogne les voyageurs et les convois qui montent de Lodève au Caylar par le grand chemin de la Côte de Man dont il peut surveiller le trafic du haut de son nid d'aigle, ou le modeste chemin muletier allant de Neuf-Font au Caylar ou celui de Molinduc.
Touché par la grâce divine une nuit de Noël, il se convertit à Lodève et s'engage à faire pénitence le restant de ses jours.
Au tout début de sa conversion, Pons donne son fils comme oblat au monastère Saint-Sauveur de Lodève. Quant à sa fille, il la fait entrer avec sa mère (la rupture religieuse du mariage était admise) à la célèbre Abbaye Royale de la Celle (prieuré Sainte-Perpétue) près de Brignolles (Var). Cette abbaye se peuple très vite des filles de la plus haute noblesse et a même pour prieure au XIIIème siècle Gersende de Sabran (1209/1222), comtesse de Provence. Pons a donc choisi pour son épouse et pour sa fille un monastère de haute réputation, et les a dotées en conséquence, accordant à la mère et à la fille une grande partie de sa fortune.
Pons a six compagnons : Raymond de Piret, Guillaume de Roca, Hugues le Grand, Guillaume d'Esparron, Pierre Alzaram et Guiraud. Ce dernier est prêtre de Pégairolles en 1163 et peut être chapelain de Léras. Ils forment donc un groupe de 7 et pour le Moyen-Age, le chiffre 7 est le nombre nodal de l'univers : 7 jours de la semaine, 7 notes de musique, 7 couleurs de l'arc-en-ciel, 7 péchés capitaux, 7 dons du Saint-Esprit, 7 sacrements, 7 têtes de la Bête de l'Apocalypse, 7 sphères dans le système de Ptolémée, etc.....
Ces 7 hommes vivent dans leur chair et dans leur esprit la passion de Jésus : le repas du jeudi-saint, la nuit d'angoisse vers Saint-Guilhem-du-Désert, enfin l'adoration de la vraie croix. Puis ils vont célébrer le jour de la Résurrection à Ganges, chez leur ami Raymond de Pierre, le seigneur du lieu. Ensuite, ils partent pour Saint-Jacques de Compostelle pour accomplir l'acte pénitentiel pour le rachat de leurs fautes. Au Moyen-Age, le pèlerinage est souvent fait de souffrances : absence total de confort, nombreux risques de la route, passages parfois dangereux, le pèlerinage est une aventure dont certains ne reviennent jamais.
A Compostelle les 7 compagnons rencontrent l'archevêque Diego Gelmirez (1069/1140, portrait de gauche) qui cherche un moment à les retenir mais qui se résigne à les renvoyer dans leur patrie. Ils reprennent donc la route pour le Mont Saint-Michel où le culte à l'Archange estt déjà célèbre, puis ils redescendent vers Saint-Martin de Tours pour se recueillir sur le tombeau de l'apôtre des Gaules, ils poursuivent jusqu'à Saint-Martial de Limoges, apôtre de l'Aquitaine, et non loin de là, Saint-Léonard de Noblat, libérateur des captifs. Ils terminent à Rodez où ils rencontrent l'évêque Adémar et le comte de Rodez Hugues Ier.
Ils disposent de terres dans la région de Camarès pour y établir une communauté d'ermites.
Pons se rend en Ardèche à l'abbaye de Mazan en Vivarais (photo de droite), fondée entre 1119 et 1122, fondation érémitique à l'origine qui est ensuite rattachée à Cîteaux par la filiation de l'abbaye de Bonnevaux, il y planifie l'intégration de son monastère dans l'Ordre. Tandis que des moines de Sylvanès se rendent à Mazan pour y étudier les principes cisterciens, des moines de Mazan s'installent à Sylvanès afin d'y apporter leur expérience technique et spirituelle. La vie cistercienne est marquée par le silence absolu, la prière, la pénitence et le culte de la Vierge apporté par saint Bernard.
L'évêque de Rodez les reconnait officiellement en 1133.
En 1136, le monastère de Sylvanès est érigé en abbaye. En 1146, Sylvanès fonde une filiale féminine, l'abbaye de Nonenque, qui abrite aujourd'hui une chartreuse. En 1151, un nouveau monastère est édifié. L'église actuelle est achevée.
Pons refuse de prendre la direction de son monastère et choisit la vie humble de frère convers. Il meurt au milieu de ses frères le 1er août 1147.
L'abbaye de Sylvanès
Après un siècle et demi de rayonnement, l'Abbaye, concurrencée par les autres abbayes cisterciennes du Rouergue, par les Templiers sur le Larzac et les Hospitaliers à Prugnes, sombre dans une longue période de décadence.
En 1791, les derniers moines s'enfuient et l'Abbaye est vendue comme Bien National. Une partie devient bâtiment agricole et bergerie jusqu'en 1969. Le reste des bâtiments est petit à petit détruit et utilisé comme matériaux de construction. L'aile Est du cloître est sauvegardée ainsi que l'église qui retrouve dès 1801 une activité d'église paroissiale.
Elle est aujourd'hui le siège d'un centre international d'art sacré et un haut lieu de rencontres culturelles et spirituelles. Chaque été s'y déroule le Festival International de musiques sacrées, Musiques du monde.
Personnages liés à la commune
Michel Wolkowitsky (portrait ci-contre), chanteur soliste et en choeur.
Directeur général du Centre Culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès. Directeur artistique-fondateur de son Festival International de Mu-sique Sacrée et de Musiques du Monde.
André Gouzes (1943/- , portrait de droite) né à Brusque est un religieux dominicain français, musicien auteur de chants liturgiques chrétiens.
À partir de 1975, il restaure et anime l'abbaye de Sylvanès. Il est alors directeur du Centre de formation à la liturgie et au chant sacré de l'abbaye.
En 2005, il est reçu à l'Académie des Jeux floraux de Toulouse, institution fondée en 1323.
En 2018, la dégradation de son état de santé (maladie d’Alzheimer) conduit à son entrée en institution.
Patrimoine
L'Eglise abbatiale
Le choeur est un joyau de l’art cistercien. Elle possède l’une des plus larges nefs romanes de France lui conférant une acoustique exceptionnelle qui donne à la voix humaine puissance, clarté et plénitude.
L'architecture romane tend peu à peu vers le gothique (arcs brisés uniquement au fond de la nef). La grande verrière de la façade Ouest incarne le style gothique rayonnant en cours au XIIIème siècle. La façade présente sept ouvertures symbolisant les sept jours de la semaine, la Création. La rosace centrale évoque la Vierge Marie, patronne et protectrice de l'Ordre de Cîteaux. La nef unique, surprenante par son équilibre, son harmonie et sa luminosité, n'a ni bas-côtés ni contreforts extérieurs destinés à supporter le poids de la voûte. Les contreforts sont placés à l'intérieur des murs et forment des chapelles latérales. La voûte se caractérise par un grand dépouillement des lignes et de la décoration, elle est construite en tuf, une pierre solide et légère.
Les bâtiments conventuels se répartissent autour du cloître selon un plan carré typiquement cistercien.
L'église est orientée vers l'Est, ce qui permet aux premiers rayons de soleil de venir illuminer le chœur. L'absence de toute décoration, hormis la stylisation de motifs végétaux met le lieu monastique dans l'esprit typiquement cistercien.
Le bras Sud du transept se prolonge pour former l'aile Est du cloître, la seule encore présente aujourd'hui. Cette aile comprend la sacristie, la salle du chapitre et le scriptorium.
À l'étage se trouve autrefois le dortoir des moines. À l'opposé, l'aile Ouest, aujourd'hui disparue, abrite le réfectoire et le dortoir des frères convers, ainsi que l'hôtellerie. L'aile Sud, également disparue est destinée au réfectoire des moines, au cellier et à la cuisine.
Bien que classée aux Monuments Historique en 1854 par Prosper Mérimée (1803/1870, portrait de droite), l'Abbaye garde sa fonction agricole jusqu'en 1970, date à laquelle la commune de Sylvanès la rachète.
Au début des années 1970, le frère dominicain et compositeur André Gouzes (1943/-) et Michel Wolkowitsky, actuel directeur, redécouvrent l'Abbaye avec notamment sa nef à l’acoustique exceptionnelle. Ils créent une association et les travaux de rénovation débutent en 1979.
L'église russe orthodoxe de l'Hétimasie du Trône
Située à 4,5 kms de Sylvanès, elle est construite en bois en octobre 1994 à la demande du Père André Gouzes. Assemblée durant l'hiver 1993-94 dans la forêt de Kirov, à 790 kms au Nord-Est de Moscou, selon une ancienne technique russe sans clou ni cheville, elle est démontée et acheminée par train, camions et tracteurs puis remontée sur son emplacement actuel. La SNCF prend en charge la moitié du coût du transport entre la Russie et la gare de Millau.
Cette église est le sujet d'un court-métrage de Vladimir Kozlov intitulé La petite sœur russe de Sylvanès.
La source minérale ferrugineuse
Au XIIème siècle déjà, la réputation des eaux de Sylvanès est telle que les curistes y viennent nombreux. Aux XVIIème et XVIIIème siècle, les cisterciens s'imposent bâtisseurs en édifiant l'hôtellerie des bains. Les bienfaits des sources d'eau chaude, dont la température oscille entre 34 et 37°, les qualités des eaux ferrugineuses, mais également arsenicales et bicarbonatées sont vantées par la Société Royale de Médecine qui met en avant leur efficacité contre les douleurs rhumatismales et les maux de poitrine et surtout les incommodités auxquelles les femmes sont sujettes.
L'impératrice Eugénie y envisage même un séjour, mais ses conseillers la détournent vers Vichy… dont elle fait la réputation.
1936 sonne le glas des eaux thermales du Sud-Aveyron, l'établissement thermal d'Andabre à Gissac tombe en désuétude, au profit d'autres eaux, émergeant des terres de l'Hérault tout proche : Prugnes avec son eau de table gazeuse, faiblement bicarbonatée, les sources du Cayla...
Faubourgs, quartiers, hameaux, lieux-dits et écarts ...
Avignou, Berlou, Cabot, Fonclare, Gaillac, La Baume...
Evolution de la population
Notre ancêtre de Sylvanès
Carte de Cassini
Sources :
Sites, blogs, photographies, livres et revues ... : Wikipedia, sylvanes.com, la dépèche du Midi, mesvoyagesenFrance.com....
Date de dernière mise à jour : 28/07/2024