Sylvanès

EN COURS

 

 

L'abbaye de Sylvanès

L'Abbaye cistercienne de Sylvanès est fondée en 1136 par Pons de Léras.
Après un siècle et demi de rayonnement, l'Abbaye, concurrencée par les autres abbayes cisterciennes du Rouergue, par les Templiers sur le Larzac et les Hospitaliers à Prugnes, sombre dans une longue période de décadence.
Abandonnée à la Révolution Française, seule l'église et l'aile Est du cloître (photo de droite) sont sauvegardées.
Prosper merimeeEn 1791, les derniers moines s'enfuient et l'Abbaye est vendue comme Bien National. Une partie devient bâtiment agricole et bergerie jusqu'en 1969. Le reste des bâtiments est petit à petit détruit et utilisé comme matériaux de construction. L'église est épargnée, et retrouve dès 1801 une activité d'église paroissiale.
Montagnol aveyron abbaye de sylvanes andre gouzesBien que classée aux Monuments Historique en 1854 par Prosper Mérimée (1803/1870, portrait 1 de gauche), l'Abbaye garde sa fonction agricole jusqu'en 1970, date à laquelle la commune de Sylvanès la rachète.
Au début des années 1970, le frère dominicain et compositeur André Gouzes (1943/-, portrait de droite) et Michel Wolkowitsky, actuel directeur, redécouvrent l'Abbaye avec notamment sa nef à l’acoustique exceptionnelle. Ils créent une association et les travaux de rénovation débutent en 1979.
Elle est aujourd'hui le siège d'un centre international d'art sacré et un haut lieu de rencontres culturelles et spirituelles. Chaque été s'y déroule le Festival International de musiques sacrées, Musiques du monde.

La construction de l'église abbatiale s'étend sur plus d'un siècle, de 1151 à 1252. L'architecture romane tend peu à peu vers le gothique (arcs brisés uniquement au fond de la nef). Le chœur est un joyau de l'art roman cistercien. La grande verrière de la façade Ouest incarne le style gothique rayonnant en cours au XIIIème siècle.
Dépassant le symbolisme trinitaire habituel à l'art cistercien, la façade présente sept ouvertures symbolisant les sept jours de la semaine, la Création. La rosace centrale évoque la Vierge Marie, patronne et protectrice de l'Ordre de Cîteaux.
La nef unique, surprenante par son équilibre, son harmonie et sa luminosité, n'a ni bas-côtés ni contreforts extérieurs destinés à supporter le poids de la voûte. Les contreforts sont placés à l'intérieur des murs et forment des chapelles latérales. La voûte se caractérise par un grand dépouillement des lignes et de la décoration, elle est construite en tuf, une pierre solide et légère.

Les bâtiments conventuels se répartissent autour du cloître selon un plan carré typiquement cistercien. Comme il est de coutume, l'église est orientée vers l'Est, ce qui permet aux premiers rayons de soleil de venir illuminer le chœur. L'absence de toute décoration, hormis la stylisation de motifs végétaux met le lieu monastique dans l'esprit typiquement cistercien.
Le bras Sud du transept se prolonge pour former l'aile Est du cloître, la seule encore présente aujourd'hui. Cette aile comprend la sacristie, la salle du chapitre et le scriptorium. À l'étage se trouve autrefois le dortoir des moines. À l'opposé, l'aile Ouest, aujourd'hui disparue, abrite le réfectoire et le dortoir des frères convers, ainsi que l'hôtellerie. L'aile Sud, également disparue est destinée au réfectoire des moines, au cellier et à la cuisine.

 Personnages liés à la commune 

Pons de Léras (XIIème siècle) natif de Saint-Félix-de-l'Héras dans l'Hérault, seigneur de Léras et donc vassal de l'évèque Pierre Raimond (1102/1142), riche en biens, vif d'esprit et  physiquement fort et intrépide aux armes, est aussi un brigand, turbulent, sournois, rusé et pillard qui enfreind les commandements de l'Eglise pour satisfaire ses appétits de pillage et de violence. Il détrousse sans vergogne les voyageurs et les convois qui montent de Lodève au Caylar par le grand chemin de la Côte de Man.
Touché par la grâce divine une nuit de Noël, il se convertit à Lodève et s'engage à faire pénitence le restant de ses jours.
Pons donne son fils comme oblat au monastère Saint-Sauveur de Lodève, sa fille entre avec sa mère, qui prend le voile, à l'Abbaye Royale de la Celle fondée en 1011 dans le Var. Il leur accorde une grande partie de sa fortune.
Pons se fait pèlerin en 1131 et part sur les chemins de Compostelle. A Compostelle, Pons et ses compagnons rencontrent l'archevêque Diego Gelmirez (1069/1140) qui cherche un moment à les retenir mais qui se résigne à les renvoyer dans leur patrie, ils se dirigent vers le Mont Saint-Michel, isolé au milieu de grèves dangereuses à traverser, puis ils redescendent vers Saint-Martin de Tours (316/397) pour se recueillir sur le tombeau de l'apôtre des Gaules et poursuivent jusqu'à Saint-Martial de Limoges (IIIème siècle), apôtre de l'Aquitaine, et Saint-Léonard de Noblat (+559), libérateur des captifs. Ils descendent ensuite jusqu'à Rodez où ils rencontrent l'évêque Adémar et le comte Hugues Ier de Rodez (1090/1154/). Ils se dirigent ensuite dans la région de Camarès où ils disposent de terres pour y établir une communauté d'ermites.
En 1133, l'évêque de Rodez les reconnait officiellement.
Désireux de régulariser sa fondation, Pons va à la Grande-Chartreuse où le prieur Guiges refuse l'incorporation à la Chartreuse et lui recommande de s'affilier à l'Ordre de Cîteaux. Il se rend donc à l'abbaye de Mazan en Vivarais, fondée vers 1120 rattaché à Cîteaux où il planifie l'intégration de son monastère dans l'Ordre. Des moines de Mazan s'installent à Sylvanès afin d'y apporter leur expérience technique et spirituelle : bannissement des richesses sous toutes leurs formes, obligation du  travail manuel, silence absolu, prière,  pénitence et culte de la Vierge. 
En 1136, le monastère de Sylvanès est érigé en abbaye.
En 1146, Sylvanès fonde une filiale féminine, l'abbaye de Nonenque, qui abrite aujourd'hui une chartreuse.
En 1151, un nouveau monastère est édifié. L'église actuelle est achevée en 1153.
Montagnol aveyron abbaye de sylvanes michel wolkowitsky​​​​​​​Pons refuse de prendre la direction de son monastère et choisit la vie humble de frère convers qui se consacre aux taches matérielles de la communauté. 
​​​​​​​Pons de Léras s'éteint au milieu de ses frères en 1147.

Michel Wolkowitsky (portrait ci-contre), chanteur soliste et en choeur.
Directeur général du  Centre Culturel de rencontre de l’Abbaye de Sylvanès. Directeur artistique-fondateur de son Festival International de Musique Sacrée et de Musiques du Monde.

André Gouzes (1943/-) né à Brusque (Aveyron) est un religieux dominicain français, musicien auteur de chants liturgiques chrétiens.
À partir de 1975, il restaure et anime l'abbaye de Sylvanès. Il est alors directeur du Centre de formation à la liturgie et au chant sacré de l'abbaye.
En 2005,  il est reçu à l'Académie des Jeux floraux de Toulouse, institution fondée en 1323.
En 2018, la dégradation de son état de santé (maladie d’Alzheimer) conduit à son entrée en institution.

Date de dernière mise à jour : 04/04/2024