Pouilly-sur-Loire
Entre Bourgogne et Berry, cette ville viticole présente de beaux paysages de coteaux, avec des vignobles qui surplombent le fleuve.
Idéalement située entre Sancerre et La Charité-sur-Loire sur l’ancienne et légendaire Nationale 7, elle est au cœur de la Réserve Naturelle du Val de Loire.
Sur les coteaux qui surplombent la Loire, à mi-distance de la source et de l'embouchure, Pouilly se trouve aux pieds d'un coteau dont le vignoble réputé porte son nom, le Pouilly Fumé.
Les armes de la commune se blasonnent ainsi : D'azur aux trois bourses d'or accompagnées en chef d'une fleur de lys du même.
Toponymie
La première mention connue de Pouilly remonte au Vème siècle : Pauliacum super fluvium Ligerim.
A l’époque Gallo-romaine on note Paulica villa ou Ferme de Paulus
Vers 680, la terre de Pauliacus appartient à Vigile, 21ème évêque d'Auxerre.
En 1184, on trouve dans les écrits Villa de Poliaco, puis en 1507 Poilly.
Le vignoble de Pouilly
Vers 680, l'évêque Vigile d'Auxerre lègue par testament, à l'abbaye Notre-Dame-d'Auxerre, son domaine de Pouilly et ses vignes.
En 865, le vignoble est mis à sac par les Normands. Il se reconstitue peu à peu avec l’instauration de la féodalité et en 1095 Humbault le-Blanc le vend au prieuré de La Charité. Les Bénédictins vont donner au vignoble un nouvel essor.
Sur l'un des coteaux qui surplombent la Loire, une parcelle, où étaient autrefois accueillis les pèlerins de passage, a conservé son appellation d’origine de Loge aux moines.
Au Xème siècle, s'établit la féodalité, dont furent longtemps conservés les usages, le Nivernais, contrairement aux autres régions n'étant jamais rattaché à la Couronne. Le suzerain fixe le ban des vendanges, se réservant la meilleure période, les vignerons ne récoltent qu'ensuite, selon la disponibilité du pressoir du seigneur, seul habilité à en posséder, comme il est le seul à pouvoir ériger un four ou un moulin.
A la fin du Xlème siècle, un grand nombre de seigneurs locaux partent en Terre Sainte et vendent leurs biens pour financer leur croisade, le fief de Pouilly est ainsi cédé par Humbault Le Blanc aux Bénédictins de La Charité-sur-Loire.
Au XIIème siècle, le vin de Pouilly est déjà réputé.
En 1209, les moines de la Chartreuse de Bellary située à 7 Kms de la cité, s’installent.
A partir de 1356, la Guerre de Cent Ans, accompagnée d'épidémies, laissent la région anéantie. La tradition viticole demeure néanmoins ancrée, et les vins de Pouilly accroissent leur notoriété jusqu'en Flandre, fief des Comtes de Nevers.
Au XVème siècle, le roi Louis XI (1423/1483) se fait envoyer du vin de Pouilly en son château de Plessis-les-Tours (photo de droite).
Depuis le XVIème siècle, le transport des vins s'effectue par la Loire. En 1642, l'ouverture du canal de Briare oriente le commerce vers Paris. Des lettres de voiture témoignent qu'à la fin du XVIIème siècle et tout au long du XVIIIème, du vin de Pouilly est expédié à Montargis, Fontainebleau, Paris, Versailles, clientèle de nobles, de gens d'Eglise, de riches bourgeois, aussi de négociants parfois originaires de Pouilly et qui se sont installés à Paris tout en gardant des intérêts dans le vignoble. Des vins de Pouilly parviennent même en Angleterre, après avoir été négociés aux Foires de Rouen.
A la veille de la Révolution, des actes notariés font état de plusieurs Communautés de Vignerons.
Après 1789, les paysans deviennent propriétaires des Biens Nationaux et des terres possédées par les nobles et le clergé. Les cépages cultivés sont variés : Melon, Blanc Meslier, Chasselas...
Vers 1860, la production de raisin de table de Fontainebleau et des espaliers de Thomery étant devenue insuffisante pour approvisionner les Halles de Paris, les mandataires se tournent vers Pouilly, déjà producteur de chasselas. Les paniers sont expédiés vers la capitale par le chemin de fer arrivé en 1861.
Les communes vigneronnes connaissent alors une grande prospérité.
En 1888, le mildiou apparait, plus un seul panier de raisin ne quitte les gares de Mesves, Pouilly et Tracy. Les vignerons apprennent à le traiter, mais un puceron dévastateur originaire d’Amérique fait alors son apparition en 1890 et c’est la ruine, toutes les vignes sont arrachées dans la décennie qui suit.
Au début du XXème siècle, le chasselas est à nouveau vinifié.
Après 1929, les crus de Pouilly retrouvent leur notoriété passée et leur qualité est entérinée par l'obtention de deux Appellations d'Origine Contrôlée en 1937 : Pouilly-sur-Loire pour le cépage chasselas et Blanc-fumé de Pouilly ou Pouilly fumé pour le cépage sauvignon.
Seigneurs et gens de la noblesse
Au XIème siècle, les seigneurs sont mes ancêtres qui portent le nom de la ville (voir tableau Mes ancêtres en bas de page).
En 1095, Humbault le Blanc en est le seigneur et participe à la Ière croisade. Avant son départ, il abandonne ses biens aux moines de La Charité pour 1300 Sols. Il ne revient pas.
La terre et la maison seigneuriale du Nozet sont données en 1234 aux Bénédictins de la Charité par Arnault, seigneur du lieu. L’abbaye conserve ce fief jusqu’au début du XVIème siècle.
Vers 1520, sous le priorat de Dom Jean de La Magdelaine de Ragny, l’abbaye inféode le Nozet à Edme du Broc (1485/1547) écuyer, issu d’une famille du Brabant dont l’aïeul, Joseph, est venu en Nivernais aux côtés du duc de Bourgogne comme archer en 1404, il devient seigneur du Nozet et simultanément seigneur des Granges à Suilly-la-Tour.
Les du Broc se succèdent au Nozet jusqu’au début du XVIIIème siècle.
Patrimoine
Le château du Nozet
La terre et la maison seigneuriale du Nozet sont données en 1234 aux Bénédictins de la Charité-sur-Loire par Arnault, seigneur du lieu. L’abbaye conserve ce fief, ainsi que ceux de Pouilly et Saint-Andelain voisins et associés, qui les conservent jusqu’au début du XVIème siècle.
Vers 1520, sous le priorat de Dom Jean de La Magdelaine de Ragny, l’abbaye inféode le Nozet à Edme du Broc. La famille y reste jusqu’au XVIIIème siècle, puis la propriété est plusieurs fois revendue, jusqu’à son achat par la famille des comtes Lafond, dont les descendants reconstruisent le château actuel dans le goût néo-gothique, et portent le vignoble à une véritable notoriété mondiale.
Le château est actuellement la propriété du baron Patrick de Ladoucette (voir source).
La voie carrossable
proche de la Loire, ce chemin pavé qui facilitait autrefois le passage des carrosses, descend au cœur du vignoble et traverse la cité.
Les murs de la ville
Une enceinte rectangulaire entoure le bourg au Moyen-Age. Elle est marquée à ses angles Nord-Est et Sud-Est par des tourelles et défend le château seigneurial. La ville garde le souvenir de l'organisation logique et orthogonale des rues.
Le Vieux Château
Les vestiges de l’ancienne forteresse médiévale, partie des défenses de la ville sur la Loire, se dessinent dans une petite rue longue et étroite qui va des bords de Loire jusqu'au centre du bourg.
L'origine du château remonte à l'époque carolingienne. À la fin du XIème siècle, en sont propriétaires les Bénédictins de La Charité-sur-Loire, devenus seigneurs temporels de Pouilly par suite du don que leur fait Humbault le Blanc avant de partir en croisade. Le Vieux Château a beaucoup souffert de la guerre de Cent Ans et des luttes opposant Catholiques et Protestants. Ruiné et rebâti à plusieurs reprises, il a été réédifié une dernière fois en 1651. À la Révolution, le château devient un bien national. Il est acquis, au début du XIXème siècle par les comtes de Lafond déjà propriétaires du château du Nozet.
L'Hôtel-Dieu est construit pendant la campagne de maintien de l'ordre de Louis XIV (1638/1715) visant à enfermer les pauvres, nécessiteux et désœuvrés afin de les faire travailler, par décision de l'évêque d'Auxerre, André Colbert (1648/1704), et financé par son cousin le prieur de La Charité, seigneur de Pouilly, archevêque de Rouen, Jacques Nicolas Colbert (1655/1707, portrait de gauche), fils du ministre.
En 1735, l'Hôtel-Dieu est transformé en collège, puis vendu comme Bien National en 1792 à un marchand de fer.
Cette construction cubique dominant la Loire est coiffée d'un toit pyramidal à la Mansart. Sa disposition intérieure est délimitée par une croix latine. Les salles hospitalières sont situées en rez-de-jardin, l'appartement de l'évêque se situait à l'étage. Les cheminées sont marquées aux armes de Colbert tout comme la ferronnerie des deux balcons qui ornent les façades avec le C des Colbert.
Au-dessus de la porte d'entrée, la date de 1713 est gravée.
Le bâtiment a retrouvé sa fonction hospitalière en 2000 en abritant un cabinet d'ostéopathe.
L’église Saint Pierre est consacrée en 1120, elle est reconstruite au début du XIIIème siècle.
Comme le château voisin,elle est endommagée pendant les Guerres de Religion et rebâtie à plusieurs reprises, puis reconstruite en partie à la fin du XIXème siècle et inaugurée en 1889.
Elle se compose d'un chœur flanqué de chapelles ; d’un chevet à pans coupés, construit dans le même style que le chœur, dont les deux travées sont voûtées sur croisées d’ogives ; d'une nef avec bas côtés et d'un clocher-porche, datant des XIIIème et XVIème siècles qui est inscrit aux Monuments Historiques en 1971.
Le clocher carré, appuyé sur des contre-forts saillants est percé dans sa partie supérieure, sur chaque face, de deux baies gothiques et surmonté d'une flèche en ardoise. A l’intérieur, une pièce voûtée comporte une baie ouverte sur l'église.
Sous la partie Ouest du bas-côté Nord, un caveau dans lequel se trouvent trois écussons timbrés de casques, sculptés en pierre, qui devaient orner les clefs de voûte d'une chapelle.
La cloche est datée de 1724 et porte une inscription et des figures de saints.
La chapelle Notre-Dame de Lorette est construite hors les murs de la ville dans le cimetière et date du XVIIème siècle. Sur le portail classique en plein cintre, au-dessous d'une niche renfermant une statue de la sainte Vierge, ces deux vers gravés en lettres capitales romaines : Si l'amour de Marie en ton cœur est gravé en passant ne t'oublie de luy dire un Ave.
Cette chapelle aurait été bâtie par les familles Guillerault et Vatan pour en faire leurs sépultures.
Les quais et le pont de Loire
Avant l'arrivée du chemin de fer, les habitants de Pouilly entreprennent des travaux dans le lit de la Loire pour faciliter le commerce du vin. Ainsi, le XIXème siècle est marqué par la réalisation d'un port avec quais maçonnés et gare d'eau.
A partir de 1899, la construction d’un pont métallique est entreprise. Il est détruit pendant la Seconde Guerre Mondiale et reconstruit en 1946.
Le clos des Chaumiennes, propriété vigneronne, est le seul clos qui subsiste.
Trois sentiers de petite randonnée :
- le sentier de l'Île mène, au cœur de la Réserve Naturelle du Val de Loire, à une grande plage de graviers, le long du fleuve, puis sur une ancienne île gagnée par la forêt alluviale ;
- le sentier des Loges suit un petit vallon consacré à la vigne dès le XIIIème siècle par les moines chartreux ;
- le sentier de la Butte emprunte la voie romaine puis la voie royale sur les traces de l'histoire de Pouilly.
Personnages liés à la commune
Augustin de l'Espinasse (1737/1816, portrait de droite), général des armées de la République, est né à Pouilly-sur-Loire.
Nommé membre et grand officier de la Légion d'honneur en 1804, l'Empereur lui donne la sénatorerie de Pau, et plus tard celle de Dijon, et le nomme président du collège électoral de la Nièvre. Commandeur de la Couronne de Fer en 1807 et comte de l'Empire en 1808, il est un de ceux qui votent la déchéance de l'Empereur.
Louis XVIII le nomme Pair de France en 1814 et chevalier de Saint-Louis.
Napoléon n'ayant pas jugé à propos de le rappeler à lui, il meurt à Paris en 1816 et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
On lui doit les embellissements du Jardin du Luxembourg à Paris.
Guillaume des Rotours (1888/1970, portrait de gauche) baron des Rotours et de Chaulieu, fils, petit-fils et arrière-petit-fils de députés du Nord, est décédé à Pouilly-sur-Loire.
Après avoir passé sa licence en droit, il entre dans la vie publique et devient en 1913 conseiller d'arrondissement du canton d'Orchies.
Mobilisé en 1914 comme sous-lieutenant d'infanterie, il termine la guerre comme capitaine avec la Croix de Guerre et chevalier de la Légion d'Honneur.
Il est élu maire d'Avelines et député du Nord en 1919, réélu en 1924, 1928 et 1932. En 1935, il est élu sénateur et siége sur les bancs de l'Union Démocratique et Radicale. Le 10 juillet 1940, il vote la délégation du pouvoir constituant au maréchal Pétain.
Hameaux, lieux dits et écarts
Le hameau des Loges possède encore quelques maisons vigneronnes datant du XIXème siècle. Elles sont reconnaissables par la présence d'un escalier enjambant la cave permettant d'accéder au rez-de-chaussée. Dans cette région viticole, une grande importance est accordée à la cave semi-enterrée qui permet une bonne conservation du vin. Bâtie en premier, l'habitat est surélevé en fonction des contraintes de cette dernière.
et ... Charenton, Le Bouchot, Les Varennes, Les Mouillères, Les Vallées, Les Bascoins, La Sereigne, La Faisanderie, Les Chazeaux, Les Chênes...
Evolution de la population
Nos lointains ancêtres de la noblesse de Pouilly-sur-Loire ...
4 individus, 3 naissances/baptèmes et 1 décès/inhumation y sont enregistrés :
Carte Cassini
Sources
Sites et photo : Wikipedia, Office de Tourisme de Pouilly-sur-Loire, Mairie de Pouilly-sur-Loire, Le vignoble, Le château du Nozet ou Château Ladoucette.
Date de dernière mise à jour : 09/09/2019