Hiérarchie nobiliaire française

 

La noblesse française

Sous l’Ancien Régime, il n’existe pas de distinction de rang par titre de noblesse sauf pour le titre de duc qui est souvent associé aux privilèges strictement réglementés de la pairie, y compris la préséance sur les autres nobles titrés.
La pairie de France est, durant le Moyen-Âge, un groupe de vassaux, les pairs, qui élisent les rois et participent à la cérémonie du sacre avant que le titre ne devienne héréditaire.
La pairie évolue ensuite vers une classe nobiliaire bénéficiant de privilèges appelés apanages, sur les autres nobles, notamment, tels que la possibilité de siéger au Parlement.
La hiérarchie au sein de la noblesse française en dessous des pairs est initialement basée sur l’ancienneté ; un comte dont la famille est noble depuis le XIVème siècle est plus prestigieux qu’un marquis dont le titre ne date que du XVème siècle. La préséance à la Cour Royale est fondée sur l’ancienneté de la famille, ses alliances (mariages), ses hommages (dignités et fonctions exercées) et enfin ses illustrations (actes et réalisations).

Les couronnes royales

Empereur

 

Empereur  : Ce rang est supérieur à celui de roi, notamment s'il a autorité sur d'autres rois. Les rois comme les empereurs sont des monarques. Il n'y a a priori pas de règle établie pour les distinguer.
Empereur est une déformation du titre d’imperator porté par les généraux romains victorieux.
 

Roi : à l'époque de l'Empire romain, un roi (rex) est le chef reconnu par Rome d'un peuple intégré à l'empire ou voisin de celui-ci.
Le roi n'appartient ni au clergé, ni à la noblesse, ni aux intérêts économiques et ne représente spécifiquement aucune de ces forces. La notion de roi associe des pouvoirs politiques et sacrés, mais pas les pouvoirs religieux.

Dauphin ou fils de France : le titre est attribué à sa naissance au fils aîné du roi de France régnant. En cas de mort du dauphin, son frère cadet reçoit à sa place le titre de dauphin.
A l'origine, Dauphin est le second prénom de nombreux comtes du Dauphiné Viennois, depuis Guignes IV dit Dauphin (1090/1100), comte d'Albon-Viennois. Lorsque le Dauphiné passe au royaume de France en 1349, le titre est porté par le fils aîné du roi de France, selon la promesse faite en 1343 par le roi Philippe VI de Valois (1293/1350) à Humbert II de la Tour-du-Pin (1312/1355) dauphin du Viennois. 
Le premier prince français à être surnommé le dauphin est Charles V dit le Sage (1338/1380). Le dernier est le fils aîné de Charles X (1757/1836), Louis Antoine d'Artois (1775/1844) duc d'Angoulême jusqu'en 1824, qui renonce à ses droits à la Couronne de France en 1830 en faveur de son neveu, Henri d'Artois (1820/1883) duc de Bordeaux. 

Prince du sang : sont les princes et princesses issus légitimement par les mâles d'un petit-fils de France. 
L'expression apparait au XVème siècle pour qualifier les membres des lignages descendants du roi Louis IX dit saint Louis qui appartiennent au lignage royal français et sont aptes à succéder à la Couronne en cas d'extinction de la Famille royale, c'est-à-dire du roi, de ses fils, et des fils de ses fils. Ce qui se produit à trois reprises : en 1498, avènement de la Famille d'Orléans avec Louis XII (1462/1515), en 1515 avènement du deuxième rameau de la Famille d'Orléans avec François Ier (1494/1547) et en 1589 avènement de la Famille de Bourbon avec Henri IV (1553/1610). En revanche, Philippe VI (1293/1350) qui succéde à Charles IV (1294/1328) est le premier de la Famille de Valois à n'être pas un prince du sang mais un petit-fils de France au moment de son accession au trône.
Prince de sang succéde aux expressions princes des fleurs de lys et princes du sang de France. Elle ne devient officielle qu'avec un édit donné à Blois en 1576 par le roi Henri III (1551/1589) qui leur accorde à tous la qualité de pairs de France dès leur naissance et le droit de précéder les autres pairs tant laïcs qu'ecclésiastiques en toutes cérémonies. Par le même édit, le roi abolit toute préséance entre les princes du sang et ordonne qu'ils tiennent rang selon leur degré de consanguinité.

Duc : à l'origine, à partir du IIIème siècle, ce titre (dux) devient officiellement un rang précis dans la hiérarchie romaine.
Au IVème et Vème siècles, le titre de dux devient plus important que celui de comes (comte). À partir des VIème et VIIème siècles, le duc est le maître de toute une région et joue un rôle capital dans la structuration du royaume franc. Il est assimilable à une sorte de gouverneur général qui exerce, au nom du souverain, des pouvoirs de nature militaire et judiciaire sur un ensemble de comtés.  Au Moyen Âge, les duchés sont les plus grandes principautés après les royaumes. Sous les Capétiens la puissance territoriale des ducs diminue à mesure que grandit le pouvoir royal, et le titre de duc finit par n'être plus qu'une dignité. Tous les ducs portent le titre de cousins du roi, partagé avec les grands officiers de la couronne. Leurs épouses ont le droit de s’asseoir en présence de la reine (le tabouret de duchesse). Le Premier Empire crée de nouveaux titres ducaux, principalement pour les membres de la famille impériale, pour les titulaires de grandes charges et pour certains chefs militaires. La Restauration, la Monarchie de Juillet puis le Second Empire en confère à des personnalités politiques ou militaires. Depuis la IIIème République, les titres de duc sont maintenus en France mais ne sont plus créés.

Prince : la plupart des titres sont détenus par la tradition familiale et sont traités par la Cour comme des titres de courtoisie, souvent portés par les fils aînés des ducs pairs les plus importants. Le titre de prince ne doit pas être confondu avec le rang de prince, porté par les princes du sang, les princes légitimés ou les princes étrangers dont la haute priorité découle de leur parenté avec de véritables souverains.

Prince étranger : membres de Familles royales ou princières étrangères naturalisées à la Cour de France, comme les de Clèves, les de Rohan, les de La Tour d’Auvergne, et les de Lorraine-Guise.

Marquis : à l'origine il est un chef militaire chargé de la défense et de l’administration d’une province frontière. Au Haut Moyen Age, le titre de marquis correspond à un commandement militaire, sur une région frontalière (dite marche ou marquisat), c'est un un comte doté de pouvoirs militaires lui permettant de lever le contingent de l’armée sans en avoir reçu l’ordre du souverain. À partir de la période moderne, marquis devient un titre de noblesse classé dans la hiérarchie avant celui de comte et après celui de duc.

Comte : à l'origine il est le dignitaire chargé de l’administration d’une province. Au Moyen Age, suzerain de cette province, le comte y posséde des droits régaliens (haute justice, droit de battre monnaie, droit de guerre, voire d’anoblir). La royauté, par la suite, érige en faveur de sa noblesse des terres en comtés. 

Vicomte : à l'origine ancienne fonction personnelle d'officier qui porte sur un territoire appelé vicomté et qui est devenue un titre de noblesse héréditaire. Ce titre est, depuis la Restauration, une distinction héréditaire à laquelle n'est attaché aucun pouvoir ou prérogative. Il  se place entre le baron et le comte.

Vidame : titre rare, toujours associé au nom d’un diocèse et équivalent au titre de vicomte. Le vidame commande l’armée d'un évêque et exerce au nom de celui-ci un certain nombre de droits féodaux. À l’époque moderne, le titre de vidame est intégré à la hiérarchie nobiliaire considéré comme équivalent à celui de vicomte.
Certains titres de vidames sont attachés à des fiefs, d’autres sont héréditaires.

Baron : au Moyen Âge, ce titre désigne tout membre de la haute aristocratie, qui tient directement son fief du roi. Les Montmorency se qualifient de premiers barons de France. Les barons de cette époque sont parmi les plus vieilles Familles. De ce fait, les fiefs de chevalier se trouvant dans les comtés ont pris le nom de baronnie. Les seigneurs des baronnies ne portent le titre de baron que vers la seconde moitié du XIIème siècle. À partir du XVIème siècle, le titre de baron est intégré à la hiérarchie nobiliaire s'applique alors individuellement au détriment de sire de…  ou de seigneur de…. Le titre est inférieur à celui de vicomte mais supérieur à celui de chevalier.

Banneret : est un titre de noblesse tombé en désuétude. A l'origine le porteur de ce titre reçoit le droit, lors d'une bataille, de porter sa bannière et d'y mener ses vassaux, honneurs normalement réservés à des titres plus élevés comme baron. Le banneret dispose également des droits féodaux, dont le simple chevalier ou écuyer ne dispose pas forcément.

Chevalier : à l'origine, un rang pour les membres sans titre des familles nobles les plus anciennes. puis il est un noble sans titre qui appartient à un Ordre de chevalerieLa chevalerie se rapporte à l’institution féodale des chevaliers et aux idéaux qui lui sont associés, ou lui sont devenus associés par le biais de la littérature, notamment l’honneur, la bravoure et la notion d’amour courtois. L’intention est de distinguer le noble chevalier combattant à cheval, du paysan, soldat d’infanterie ou artilleur. La chevalerie est codifiée par certaines coutumes, notamment par la cérémonie de l’adoubement. Les vertus traditionnelles de la chevalerie sont de nobles sentiments tels la pitié, l’humilité, la bravoure, la courtoisie, la foi ou l’honneur. Le chevalier est en droit de porter des armoiries.

Ecuyer : à l’origine il est un gentilhomme qui accompagne un chevalier et porte son écu. Puis écuyer est employé comme titre pour un jeune homme qui se prépare à devenir chevalier. Le terme est ensuite devenu, à l’époque moderne, le grade spécifique le plus bas de la noblesse, auquel la grande majorité des nobles sans titre ont droit (également appelé valet ou noble homme dans certaines régions).

Seigneur : terme désignant le propriétaire sans titre d’une propriété féodale. Il ne s’agit ni d’un titre ni d’un rang, il indique que la propriété d’un propriétaire est assortie de certains droits nobles, bien qu’il n’indique pas que le propriétaire est noble, surtout après le XVIIème siècle.

Bâtard : fils reconnu d’un gentilhomme ou d’un noble. Il ne peut généralement pas hériter d’un titre ou d’un château s’il existe des ayants droit de naissance légitime, mais peut être employé dans la suite de son père. Les fils et filles bâtards sont souvent mariés à des Familles alliées ou subordonnées pour renforcer les liens ou pour lier des familles moins importantes à eux.

Gentilhomme : En 1549, les gentilshommes de la Maison du roi sont des hommes nobles attachés à la personne du roi. 
Les gentilshommes de nom et d'armes désignent les membres des Familles de noblesse dite immémoriale et les gentilshommes de quatre lignes qui désignent ceux dont les huit bisaïeux sont nobles. Il y a aussi les gentilshommes verriers qui désignent les Familles nobles qui travaillent le verre, ou encore les gentilhommes de Laveline qui désignent les descendants en ligne masculine ou féminine d'un habitant du village de Laveline en Lorraine, village anobli collectivement par le duc de Lorraine en 1476. 

Le pair de France : est une dignité de la Couronne devenu le plus haut rang héréditaire porté par la noblesse française en conjonction avec un titre (Duc et Pair, Comte-Pair). À l’origine, la pairie n’est accordée qu’aux princes de sang, à certains princes légitimés et étrangers, souvent les chefs des Familles les plus anciennes et les plus puissantes du royaume, et à quelques évêques. Finalement, elle est toujours accordée en conjonction avec le titre de duc. Progressivement, la pairie est conférée plus largement en récompense de services militaires ou diplomatiques distingués, mais aussi aux favoris du roi (les mignons). Les pairs ont droit à des sièges au Parlement, la plus importante Cour de Justice du royaume.

Chaque rang de noblesse : prince royal, prince appartenant à des lignées collatérales de la Famille Royale (prince du sang), duc, marquis, comte, vicomte, baron... confére ses propres privilèges. Les ducs, par exemple, peuvent entrer dans les résidences royales en calèche, les duchesses s’asseoir sur un tabouret en présence de la reine.
En France, les ducs (le groupe le plus important après les princes) sont divisés en deux groupes, les pairs et ceux qui ne le sont pas.
Les ducs sans pair se divisent en deux groupes, ceux à qui le roi n’a jamais accordé de fiefs (pairies) et ceux pour lesquels le Parlement refuse d’enregistrer les lettres patentes du roi, de façon permanente ou temporaire, pour protester contre la promotion.

Les hiérarchies nobles sont encore compliquées par :
- la création d’ordres chevaleresques : les Chevaliers du Saint-Esprit créés par Henri III en 1578 ; l’Ordre de Saint-Michel créé par Louis XI en 1469 ; l’Ordre de Saint-Louis créé par Louis XIV en 1696.
- des fonctions officielles et des postes au sein de la Maison Royale (grands officiers de la couronne de France), tels que grand maître de la garde-robe (le grand maître de la garde-robe royale ou dresseur royal),  grand panetier (serveur royal du pain), qui ont depuis longtemps cessé d’être des fonctions réelles et sont devenus des postes nominaux et formels avec leurs propres privilèges. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les nobles et les nobles de robe s’affrontent pour ces postes et pour tout autre signe de faveur royale comme par exemple assister à la cérémonie du réveil du roi à Versailles (le petit levier du roi, plus petit et intime, et le grand levier du roi, plus formel), se voir demander de franchir les barrières qui séparent le lit royal du reste de la chambre, être invité à parler au roi, ou être mentionné par le roi… tous sont des signes de faveur activement recherchés.

Comme les privilèges, les titres nobiliaires sont abolis à la Révolution Française, puis rétablis du Premier Empire au Second Empire.

La particule nobiliaire de 
Elle n’est pas officiellement contrôlée en France, contrairement à la particule von dans le Saint-Empire Romain Germanique, et ne constitue pas une preuve fiable de la noblesse du porteur. Aux XVIIIème et XIXème siècles, le de est adopté par un grand nombre de non-nobles, tels Honoré de Balzac ou Gérard de Nerval pour tenter de paraître noble, tentatives  facilement approuvées par les officiers civils. Elles sont d’abord méprisées, puis acceptées en une ou deux générations. Aujourd’hui 90 % des noms comportant une particule sont non nobles, seuls 10 % de ces noms sont portés par une noblesse authentique. Quelques nobles authentiques d’extraction ne portent d’ailleurs pas de particule.

 

Date de dernière mise à jour : 20/05/2021