Saint-Georges-de-Luzençon

Saint georges de luzencon aveyron adm

 

Saint georges de luzencon aveyron geoLuzençon, bâti sur un promontoire formé de gros blocs calcaires, domine Saint-Georges, au pied du Puech du Ménascle. Ce belvédère étroit occupe une position stratégique exceptionnelle et une vue panoramique à 360° notamment sur le viaduc de Millau.
Le village s'étend côté Ouest sur le plateau montueux du Lévézou, côté Nord sur l'entrée des Gorges du Tarn et côté Est sur les contreforts rocheux du Causse du Larzac.
Le cœur de l'agglomération est constitué de bâtiments en pierre de type moyen-âgeux épousant les formes de l'ancienne forteresse. L'avenue principale, de construction plus tardive, accueille la totalité des commerces de la commune
Distant  d'une dizaine de kilomètres de Millau, il est également non loin de Saint-Affrique et  des caves de Roquefort.

 Toponymie 

Jusqu'au milieu du XVIIème siècle :  Saint-Georges-de-Valserena, en occitan Sant Jòrdi dé Val Séreina.
Pendant la Révolution Française : Vallée Pure
En 1795 : Saint-George
En 1801 : Saint-Georget, puis Saint-Georges
Depuis 1896 : Saint-Georges-de-Luzençon

Blason st georges de luzencon Héraldique 

Les armes de la commune de Saint-Georges-de-Luzençon se blasonnent ainsi :
Bandé de gueules et d’argent de huit pièces à l’aigle de sable brochant sur le tout.

 Hydrographie 

La commune est drainée par :
- Le Tarn qui prend sa source dans la commune de Pont de Montvert au Sud du Mont Lozère (Lozère) et se jette dans la Garonne à Saint-Nicolas-de-la-Grave (Tarn), après avoir arrosé 99 communes,
- Le Cernon
, qui prend sa source dans la commune de Sainte-Eulalie-de-Cernon (Aveyron) et se jette dans le Tarn à Saint-Georges-de-Luzençon, après avoir arrosé 5 communes,
les ruisseaux de Lévéjac, de Lavencou, de Mayres, de Vertède, Vallat de Fourniou, l'Isis et le Valos,
-
les ravins de Billac, du Vilaret
- et divers petits cours d'eau.

Drapeau francais fond blanc Histoire 

Au cours du premier millénaire avant notre ère, les Celtes (ou Gaulois) s’installent sur ce promontoire dominant la vallée du Cernon, voie d’accès au Larzac, et lieu particulièrement favorable à l’habitat.
Au IVème siècle, l’existence de différents peuples sur le territoire est attestée par dolmens, tessons et cimetière barbare à Briadels.
Suite au passage des Romains, le vicus gallo-romain s'étend en aval, sur la rive droite de la rivière.
Les brigandages et invasions du Vème siècle entraînent un repli sur le promontoire d'origine. La petite cité se développe, accueille les débuts du Christianisme et commence à intéresser les évêques de Rodez.
Vers l’an 900 le petit bourg améliore ses fortifications et prend le nom de Saint-Georges, donné par un évêque de Lodève.
Au XIIème siècle, des membres de l'Ordre du Temple y possèdent des biens, comme en témoigne le tènement du Temple. Certains chevaliers sont connus grâce aux actes signés à cette époque.
Luzençon releve des comtes de Toulouse et une partie appartient à la Famille de Prévinquières.
En 1216, l’évêque de Rodez achète l’un des trois châteaux de Luzençon.
En 1231, le comte de Toulouse Raymond VII lui fait une donation ; en retour, l’évêque lui inféode la montagne de Vernéjols, avec l'autorisation d’y bâtir une nouvelle cité.
Vers 1250, comme les autres cités du Rouergue, Saint-Georges tombe sous la coupe du Royaume de France.
En 1317, lors de la création du nouvel évêché, l'évêque de Vabres, Pierre d'Olargues (1317/1329) affirme ses pouvoirs spirituels et temporels. Par le biais de son viguier, il contrôle toute la vie de la petite bourgade et se fait construire un château non loin de l'église.
Le XVIème siècle connait des périodes très difficiles avec les Guerres de Religions (de 1562 à 1598). Toutes les églises des environs sont pillées ou ruinées, Compeyre, Creissels, Saint-Georges, Luzençon, Creyssac, Peyre, Comprégnac, Saint-Rome de Cernon, Tiergues, Olonzac, La Bastide Pradines, Saint-Pierre de Gourgas, Lapanouse de Cernon sauf celle de Saint-Geniez car sa défense est rendue possible par sa proximité avec le château. Saint-Georges reste fidèle au Duc henri de rohanCatholicisme.
Il est dévasté par les troupes de François d'Hébles dit Las Ribes (1534/1576), un des plus féroces chef protestant du Rouergue, puis par celles du duc Henri de Rohan (1574/1638, portrait de droite) au XVIIème siècle.
En 1628, la destruction des murailles est ordonnée par le prince de Condé.
En 1630, Saint-Georges et d'autres villages tombent sous la domination des Anglais. L'évêque de Vabres joue les diplomates pour chasser les troupes anglaises, mais certains coseigneurs sont dépossédés et la Famille de Prévinquières s'affirme en puissance.
Au siècle suivant, le petit bourg commence s'étale en dehors de son enceinte, une nouvelle place est créée, ainsi que le barry du Temple (un faubourg).
La Révolution Française entraîne les mêmes effets qu'ailleurs : l'évêché est supprimé, ses biens sont vendus.
Au XIXème siècle, une nouvelle et vaste église est construite, une fontaine publique est érigée. La vieille église romane de la placette est démolie.
La révolution industrielle voit s'affronter deux camps aux idées différentes : les conservateurs et les progressistes, mais cela n'empêche pas le développement de nouvelles activités (notamment l'activité minière).
En 1918, après la Grande Guerre, l'exploitation minière prend fin.
En 1939-1945, durant la Seconde Guerre Mondiale, la Résistance s'organise, prenant ses décisions secrètes dans la maison des Tilleuls, éloignée de la ville.
Après la Libération commence une mutation économique entraînant une baisse de population.
La population remonte au début du XXIème siècle.

Les Templiers et les Hospitaliers
TemplierEn 1140, Raymond de Luzençon donne aux Templiers (photo de droite), avec sa personne(1), des vignobles dans les dépendances du château de Luzençon et une résidence près de l’église de Saint-Georges.De 1140 à 1150, le premier Maître des Templiers en Rouergue, 1er commandeur de Sainte-Eulalie, est Pons de Luzençon.
En 1189, Hugues, évêque de Rodez, confirme les donations faites aux Templiers dans son territoire de Saint-Georges.
Vers 1250, Saint-Georges passe dans la mouvance du royaume de France.
En 1312, l'Ordre des Templiers est dissout au Concile de Vienne par le Pape Clément V, Bertrand de Got (1264/1314), qui se soumet au roi de France HospitaliersPhilippe IV dit Le Bel (1268/1314).
En 1313, les chevaliers Hospitaliers de l'Ordre de Saint-Jean-de Jérusalem (photo de gauche) succèdent aux Templiers et s’installent dans les Commanderies prenant en charge l’héritage temporel et spirituel. Un procès-verbal de visite de la Commanderie de Sainte-Eulalie de 1638 mentionne Saint-Georges :  « …Saint-Georges consiste en une petite rente d’environ 15 setiers de blé de cense annuelle y ayant en propriété une maison à trois étages avec une grande vigne toute contigüe, étant au faubourg du-dit lieu, lesquelles censes ou vignes le-dit seigneur-commandeur arrente 15 pipes et demi de vin, auquel lieu il n’y a aucune charge et le sieur évêque de Vabres en est le seigneur justicier. Cette vigne est vendue comme Bien National en 1794. Sa surface est alors estimée à 80 journées de pioche. La Commanderie de Sainte-Eulalie ne possédait aucun vignoble dans le Languedoc, sauf cette vigne de Saint-Georges.

Seigneurs et gens de la noblesse

A Saint-Georges
La Famille de Prévinquières (Branche de Varès) est seigneur et co-seigneur de Luzençon : 
Radulphe de Prévinquières (1090/1145), époux de Alde de Malaval. Astorg de Prévinquières, damoiseau, professeur es lois, co-seigneur de Prévinquières et de Luzençon. Astorg de Prévinquières, damoiseau, co-seigneur de Prévinquières et de Luzençon. Bernard de Prévinquières, damoiseau, seigneur en partie de Prévinquières, co-seigneur de Luzençon. époux en 1315 de Foi d'Astorg. Raymond de Prévinquières, chevalier, co-seigneur des châteaux de Prévinquières et de Luzençon, époux en 1355 d'une demoiselle de La Tour de Saint-Genièys-d'Olt. Jean de Prévinquières, chevalier, co-seigneur du château et mandement de Prévinquières époux en 1390 d' Arpajone x. Le 6 juin 1408, il rend hommage à Bernard, comte d'Armagnac, pour différents cens, fiefs et droits seigneuriaux qu'il dit posséder au château de Saint-Geniest de Rive-d'Olt. Le 14 novembre 1421, il teste devant Guillaume de Bessodes, notaire public, désirant être enterré au tombeau de ses ancêtres, situé dans la chapelle Saint-Jacques de l'église Saint-Jean du Cloquier, au château de Prévinquières. Jean de Prévinquières, damoiseau, co-seigneur de Prévinquières et de Luzençon, seigneur de Varès, époux en 1431 de Bonne de Vezins. Hérite à Vézins de Lévézou de son grand père maternel qui lui constitue 900 écus d'or de Toulouse ainsi que des biens situés au masage de Lauture, paroisse de Saint-Georges -de-Luzençon et à Malissart, au mandement de Prévinquières. Il teste en 1454. Jean de Prévinquières (+1484), co-seigneur de Prévinquières et de Luzençon, seigneur de Varès, époux en 1458 de Catherine de La Panouse. Acquisition en 1472 de Bernard de Cenaret, co-seigneur de Prévinquières, par voie d'échange, du château de Saint-Amans de Varès, avec toutes ses dépendances, lui cédant en contrepartie, sauf quelques exceptions, tout ce qu'il posséde au château de Prévinquières. Jean de Prévinquières, co-seigneur de Prévinquières, seigneur de Varès, époux en 1484 d'Adrienne de Murat de Lestang. Il fait donation en 1484 à Aymeric de Garceval, seigneur de Recoules, son oncle à la mode de Bretagne, de toute le juridiction et de tous les droits seigneuriaux que la maison de Prévinquières posséde sur ledit Garceval, et ses emphithéotes de Recoules, de telle sorte que la Famille de Garceval demeure seule seigneurs de Recoules. Pierre de Prévinquières, seigneur de Varès, co-seigneur de Prévinquières, époux en 1531 de Marguerite de Bérail. En 1524, Bernard de Cenaret obtient contre lui des lettres de la Chancellerie du Parlement de Toulouse au sujet de la justice de Prévinquières. En 1527, il vend à François de Garceval tout ce qu'il possède au mandement de Prévinquières sauf quelques exceptions dont Varès. François de Prévinquières (+1591), écuyer, seigneur de Varès et de Corbières, époux en 1567 de Jeanne de Murat de Pomairols de Lestang. Il teste en 1580 pour être enterré au cimetière de Saint-Amans de Varès, au tombeau de ses prédécesseurs. Jacqueline de Prévinquières mariée avec Guyon de La Panouse en 1605. Elle teste en 1656.

Au château de Saint-Geniez-de-Bertrand
La Famille de Creissels est peut-être la première à posséder la seigneurie et le château de Saint-Geniez-de-Bertrand (elle ne doit pas être confondue avec les vicomtes de Creissels).  
Au XVème siècle, Catherine de Montjaux-Creissels (1430/1501) épouse en 1460 Hugues de Ricard (1425/1503), Famille noble venue de Peyrelade.
En 1547, Madeleine de Ricard (née en 1528) épouse François de Garceval (1515/1599) et lui transmet le château.
Les biens des Garceval, suite au mariage en 1742 de leur dernière héritière, Marie Félicité de Garceval avec Philibert de Lastic-Saint-Jal (1692/1761) sont transmis à ce dernier.
Leur fille et dernière héritière de cette Famille, Claudine de Lastic-Saint-Jal (née en 1743), les transmets en 1765 à son époux, François de Lévezou de Vezins.
A la Révolution Françaisecette Famille qui n'émigre pas, possède encore ces biens. Elle vend le château, entre 1850 et 1860, à M. de Gissac qui le revend en 1920 à la Famille Maury, qui l’habite toujours en 2015.

 Chroniques communales 

Les mines de Saint-Georges et de Sérals
Le bassin du Larzac est le seul secteur en France où la houille stipite est exploitée et il figure aussi parmi les régions où l’exploitation est la plus ancienne. Le charbon pauvre (lignite) qui en est extrait, à une époque ou tout le monde se chauffe au bois, est destiné surtout aux forges, fours à chaux et autres artisanats. Les mines font l’objet d’une véritable activité industrielle.
Le 8 septembre 1895, une société de Secours Mutuels est instaurée pour les ouvriers et les employés des mines de Saint-Georges-de Luzençon.
Les charbonnières de Serals et de Saint-Georges ne paraissent pas avoir enrichi leurs exploitants successifs. Elles fonctionnent jusqu’après la guerre de 1914-1918 et reprennent un semblant d’activité pendant la guerre de 1939-1945.

La Communale
Après la fermeture de l’école publique de Saint-Geniez-de-Bertrand, puis quelques travaux d’aménagement, le bâtiment accueille tous les étés de 1969 à 2007 un centre de vacances pour enfants et adolescents organisé par la Ligue de l’Enseignement (Fédération des Œuvres Laïques de l’Aveyron) qui est mis en vente en 2007 par la commune.
Attirés par la beauté et la qualité environnementale du site et pour préserver la destination sociale et la vocation éducative du bâtiment, un groupe d’anciens animateurs et colons du centre de vacances décide de l’acquérir. Gérée par une association loi 1901, la Communale, centre d’accueil modeste et populaire, accueille les enfants en centres de loisirs et séjours de vacances ainsi que les adultes en associations, clubs de loisirs, ou groupes.

La fromagerie de Saint-Georges est transférée en Lozère
Après d'importantes inondations le 28 novembre 2014 qui, pour la quatrième fois en trente ans, mettent hors d'état l'usine de fabrication fromagère, la fromagerie de Saint-Georges, Lou Pérac, est transférée en 2016 sur le site de production du Massegros en Lozère qui s'agrandit pour l'accueillir. Cinquante employés, sur les cent trente, sont délocalisés et travaillent sur ce nouveau site.

Les murs à encoches de l'amanderaie de Combe-Laurance 
Un original, il y a plusieurs siècles, imagine de créer cette amanderaie. Pour cela, il emploit tous les ouvriers agricoles qui sont au chômage pendant la mauvaise saison.
Chaque amandier est placé dans une espèce de réservoir à chaleur, les murailles, tournées vers le Midi ou vers le Sud-Ouest, restituent la chaleur au moment de la mauvaise saison.
La production est particulièrement importante autour de Saint-Rome de Tarn, dont les grands balcons ornant les maisons sont utilisés pour le séchage des amandes, et autour de Millau, Aguessac, Compeyre, Saint-Georges de Luzençon … Cette production, exportée en Languedoc, se maintient jusqu’au milieu du XXème siècle.
Après les gelées de 1709, beaucoup d’amandiers sont remplacés par des mûriers dans le Millavois.

Saint georges de luzencon aveyron combe laurance

 Patrimoine 

Le promontoire de Luzençon a inspiré les bâtisseurs,  il y a eu trois châteaux aujourd'hui ruinés à cet endroit :
- le principal, sur la crête de la colline,
 le château des comtes de Toulouse construit au XIIIème siècle et dont il subsiste la chapelle au milieu des ruines,
une forteresse rectangulaire et flanquée de trois tours rondes, également ruinée,
le château de Rocan, plus en avant de la colline, qui fait office de poste avancé. Au milieu des vestiges des murailles, se dresse maintenant la statue du Sacré Cœur.

Le château de Saint-Geniez-de-Bertrand
Il est mentionné dans les actes dès 1239. Prieuré et château appartiennent à l’évêque de Rodez, puis à celui de Vabres. 
En 1389, les routiers s’emparent du château. Il est reconstruit au XVème siècle. T
ypique du château-repaire, c’est une maison seigneuriale fortifiée construite sur un site dépourvu de défense naturelle et non entourée d’une enceinte propre. Il a une vocation militaire
.
Le château comporte un fossé, alimenté par les eaux du torrent du Théron, affluent de l’Avencou. Assis sur une base carrée de 30m de côté, les bâtiments s’ordonnent autour de la cour centrale. Il dispose de trois tours dont un donjon défensif de forme carrée de 20m de hauteur, tour de guet servant à la fois d'habitation au seigneur et de position de repli et d'abri lors des assauts. Les murailles de protection comprennent trois portes ouvrant sur trois côtés opposés.
La porte centrale est défendue par des mâchicoulis et une archère canonnière datée de la fin du XVème siècle. Une ceinture de ces mâchicoulis avec reliefs trilobés, dont le parapet percé d'ouvertures rectangulaires, couronne l'édifice, cernant les échauguettes d'angle. Cette porte est en arc brisé, surmontée de ce qui reste aujourd'hui d'un écu armorié totalement mutilé. Des fenêtres et croisées Renaissance sont ménagées au XVIème siècle, dans le premier étage du corps de logis, le rez-de-chaussée ne possède que de petites ouvertures.

Des batailles se sont déroulées à cet endroit, comme en témoigne l'épée de Luzençon (voir § suivant) retrouvée dans l'éboulis d'une tour. 
La partie supérieure du château avec ses échauguettes et mâchicoulis est détruite. Il subsiste une courette intérieure, voûtée d'arêtes, et quelques éléments gothiques comme un escalier et une porte.
Plusieurs seigneurs se partagent les revenus de la terre (voir § "Les seigneurs").
Sur le domaine, huit Familles demeurent dans l'enceinte (les Familles Alric, Aldebert, Malet, Miquel, ainsi que les seigneurs et co-seigneurs), et vingt et une Familles sont installées sous les murailles le long de trois barrys
 : les Berniès (face à Saint-Georges), la Compayrie (face à Bel-Asile) et les Randals (face à Creyssac).

A côté de la bâtisse se trouve la chapelle castrale dont l’abside extérieure est de style romano-byzantin campagnard, avec les caractéristiques de l’architecture du Xème siècle. Le reste de la chapelle, souvent remanié, est devenu l'église paroissiale de Saint-Geniez.
Certains éléments du château et l'église sont inscrits aux monuments historiques depuis 1978.

L'épée de Luzençon
Elle est découverte en 1967 par Louis Puel, agriculteur, dans l’éboulis du château, au-dessous de la tour en bordure d’un petit sentier. Témoignage de la vie au temps des châteaux-forts sur la colline de Luzençon, elle est restée ensevelie pendant des siècles enveloppée dans une gaine de peau de bouc dont il reste les poils adhérant au métal.
Entourée de mystère car aucun nom n’est gravé sur son métal rouillé, elle apparait rongée par la rouille, sans garde, avec un pommeau branlant et une fusée dégarnie. Elle a perdu son fourreau et sa pointe, sa gouttière est effacée et ses tranchants élimés. La peau qui l'entourait est détériorée par la pioche lors de sa mise au jour.
Lors de sa découverte elle avait encore sa garde et le croquis et les notes réalisés décrit une épée en acier tranchant des deux côtés d'une longueur de 90cm avec une garde plate de 12cm, une poignée courte de 7cm et une fusée totalement dégarnie. Le pommeau, en forme de couvercle, est orné d'une pièces d'acier losangée décorée d'une double rayure gravée en bordure portant au centre un bouton de cuivre en losange percé de quatre trous décoratifs. Ce style de pommeau très répandu dans les années 980 à 1120 et différents caractéristiques permettent de dater approximativement cette épée du XIIème siècle, vers 1100.

Le château des Valettes du XVIIIème siècle, situé à Vergonhac, aurait abrité quelques temps, sous la Révolution Française, le député du Gévaudan et chef des chouans de l'Aubrac, Marc-Antoine Charrier (1755/1793) de Nasbinals (voir § Personnalité).

Le château de Cabanous est initialement une grande métairie. En 1563, son propriétaire Charles de Tubières, seigneur d'Arbussel et gouverneur protestant de Saint-Georges, passe un contrat avec Mes Guillaume et Jean Flottes, maçons du village d'Ambias, pour la construction du château :
"Il sera de trois étages, en pierre de taille de grès, il aura neuf portes faites de la même façon que celles de noble Charles de Tubières, protonotaire de Verfeuil, à Saint-Rome, ou autrement comme il plaira au sieur d'Arbussel. Ils voûteront tout le bas des galeries du château, feront douze fenêtres, bâtiront deux étages sur les voûtes de dix pans chacun de hauteur et feront deux desdites fenêtres à la façon romaine dessus le côté de la citerne et à la salle, une cheminée à la façon qu'il sera admise par ledit protonotaire ; et les autres fenêtres seront faites à la façon de celles ½ dictes de grès... Les maçons feront toute la construction à leurs dépends, moyennant que ledit Arbussel leur paye  ½ 160 livres, 32 setiers de bled, soit 12 setiers de bled froment, 10 setiers de seigle, 10 setiers de paumelle, bon bled marchand, mesure de Cabanous, 3 pipes et une barrique de bon vin, 120 livres de viande salée, 28 livres de saindoux, une carte de sel et deux pèses de fromage de Roquefort ».
La même année, noble Charles de Tubières arrente sa métairie de Cabanous. L'arrentement se fait a mejas et demi fruict. Le cheptel vivant inventorié dans l'acte est considérable : 350 bêtes de pargue, brebis, moutons, agneaux. 13 chèvres portant, 6 chevrettes et 6 cabrits, 2 boucs, 4 paires de boeufs, 4 vaches, 2 vedelles. 2 veaux, 2 juments, 10 pourcelles jeunes, 2 truies vieilles. 

Charles de Tubières est mis à mort lors de la prise de la ville en 1567 par les troupes catholiques sur ordre de son cousin Jean de Vezins qui les commandait.
En 1616, Delphine de Tubières, fille de Charles, vend le domaine à Jacques de Joly (1580/1655), juge royal à Saint-Rome-du-Tarn, ancien ministre protestant qui vient d'abjurer,.

En 1625, le château est attaqué par les Calvinistes, pillé et mis à sac. La Communauté de Millau est condamnée en 1629 à lui verser 6000 Livres Tournois.

La chapelle du château de Cabanous date du XIXème siècle. ​​​La Sainte Messe latine traditionnelle y est toujours assurée deux dimanches par mois.

La chapelle romane Saint-Martial est érigée sur la butte de Luzençon  à la fin du XIème siècle en tant que chapelle seigneuriale et dédiée à Saint Martial, apôtre d'Aquitaine. Située à plus de 550m d'altitude, elle domine le village.
Le chevet de la chapelle ainsi que le fond de la nef ont nécessité de profondes fondations dans le rocher. Le chevet pentagonal est du début du XIIème siècle et remplace le précédent devenu trop vétuste.
 Une chapelle latérale est ajoutée au XIVème siècle et une autre deux siècles plus tard, ainsi qu'une tribune. Après la restauration du XVIème siècle, la chapelle est ouverte à la population locale entrainant le déplacement de la porte d’entrée de la façade Nord à la façade Sud, ce qui explique la présence d'un corbeau décoratif supportant la voûte de la chapelle Nord. La nef à quatre travées est voûtée en berceau brisé et supportée par des arcs latéraux adossés aux murs.
Au pied des murs de la dernière travée, des arcs de décharge sont  dégagés en 1981, révélant un espace funéraire. Dans la sépulture n°7, la mieux conservée de toutes, le Collier de Luzençon (voir § suivant) de 38 perles est découvert.
Cette chapelle, avec clocher-mur et toiture en lauzes, est inscrite aux Monuments Historiques en 1996.

Le collier de Luzençon 
Collier de luzenconDans la sépulture n°7, subsiste des traces importantes du fond du coffre en bois ainsi que des alignements des clous en fer. Le squelette est posé sur le dos : la main droite sur le plexus, la gauche sur le haut de l'abdomen ; la tête est inclinée vers la droite et la mâchoire inférieure décrochée ; la colonne cervicale est fortement voûtée vers l'avant. La qualité de cette sépulture ressort non seulement du soin avec lequel le cadavre est disposé, mais encore du riche mobilier trouvé sur place. Sur le même doigt de la main gauche sont passés deux anneaux, l'un en argent portant une foi gravée (deux mains unies, symbole de fidélité utilisé en héraldique) entre deux feuilles d'acanthe. L'autre, plus modeste, est en bronze, sans traces visibles de dorure ; de chaque côté du chaton ovale à trois stries obliques, l'anneau porte trois tores. A l'arrière de la tête, deux épingles à tête en bronze argenté, très modernes de forme, fixent peut-être le linceul. Autour de la tête et sur le haut du thorax, les éléments d'un collier de 38 perles relativement dispersés lorsque le lien qui les unissait s'est rompu. Ces perles sont fabriquées dans des matières nobles : jais, agate, jaspe, ambre et nacre, les unes seulement tournées et polies, les autres taillées à facettes ou même en forme de mûre. Un petit anneau d'or, ouvert, fait office de fermoir. (Source : Extrait du rapport de fouilles réalisées en 1981).
La sépulture est peut-être celle de Douce de Prévinquières dite de Luzençon (1225/1270) épouse de Raymond de Saint-Félix en 1270 et soeur de Bernard de Prévinquières, co-seigneur de Luzençon.

Les églises
Pendant une cinquantaine d'années, deux édifices religieux existent côté à côte au cœur de Luzençon :
La première, église de la Placette, date de l'époque féodale (XIVème siècle) car le seigneur Brenguier Bertrand émet en 1399 la volonté d'être inhumé dans sa chapelle attenante. Petit édifice roman avec un clocher hexagonal, il est malheureusement saccagé lors des Guerres de Religions puis par les troupes anglaises.
Au milieu du XVIème siècle, elle est reconstruite grâce à un prêtre de Lodève et est placée sous le patronage de Saint Fulcrand. Au siècle suivant, elle abrite la confrérie de Saint-Rosaire de Notre-Dame.
L'église est réparée et remaniée à plusieurs reprises : un nouveau clocher en 1656, une horloge quarante ans plus tard, une nouvelle porte en 1728 et un projet d'agrandissement au début du XIXème siècle. Mais, l'église reste trop petite et vétuste.
Une nouvelle église se construit à côté à partir de 1848. La petite église de la Placette demeure jusqu'en 1903 où elle est démolie. Plusieurs sépultures y sont découvertes, dont une contenant le Pot en terre cuite noire de Luzençon (voir § suivant)..
La nouvelle église, dédiée à Saint Georges, est consacrée en 1864 par l'évêque de Rodez, Monseigneur Delalle. Certains de ses éléments architecturaux s'inspirent de l'époque gréco-romaine, comme ses colonnes et son fronton surmontant le portail.

Le pot en terre cuite noire de Luzençon dit Pegau en archéologie médiévale
Une dalle de pierre bleue est découverte sur la Placette au cours de travaux. Elle recouvre une sépulture contenant un squelette humain d’âge adulte, la tête orientée vers Luzençon et les pieds vers Ménascle. Assez bien conservé, gisant sur le dos et reposant sur un lit de chaux recouvert de cendres. Le crâne en partie détruit et l’absence des mâchoires inférieure et supérieure indiquent une mort violente. A ses pieds est déposé un pot de terre cuite noire, empli de terre du pays contenant cinq doigts du pied et la première vertèbre cervicale. A l’entour de cette sépulture plusieurs ossements humains attestent l’emplacement du cimetière de l’ancienne église démolie en 1903. (Source : témoignage de Pierre Herail, 1910/1999).

La ferme fortifiée des Brouzes, déployée en rectangle, elle est composée de trois cours.
L'accès à la cour principale se fait par un portail et comporte, au fond, un bâtiment à un étage avec un escalier en pierre débouchant sur une loggia à arcades. A droite, une aile voutée comme toute la ferme est transformée en appartement, salon, chambres aménagées dans la tour du pigeonnier et le four à pain. L'autre aile qui borde cette cour  est entièrement voutée. Au Sud, une autre cour flanquée à l'Ouest d'une étable avec des meurtrières. Deux tours flanquent au Sud le pignon d'une étable  (Source : Base Mérimée-Monuments Historiques).
Possession de Huc Ricard, elle est acquise en 1490 par Brenguier Bourzès et se transmet  dans cette Famille jusqu’en 1700. C’est à l'origine du nom Mas de Brouzes.
Claude baillonElisabeth baillonElle appartient ensuite à la Famille Refregier de 1700 à 1832 peut-être issue de mes ancêtres de Saint-Jean d’Alcas…, puis à la Famille Aldebert de 1832 à 1919, qui la vend à un exploitant agricole voisin qui s'en sert de remise. De 1922 à 1970, la ferme inhabitée est pillée, cheminées, dallages, blasons en pierres de taille disparaissent ainsi que le toit principal, le seul sur charpente s'effondre vers 1945.
En 1969, deux artistes Elisabeth et Claude Baillon (portraits ci-contre) ont un coup de cœur pour ces bâtiments et les achètent, les restaurent et s'y installent. En 1971, ils participent activement à la lutte contre l’agrandissement du camp militaire du Larzac qui arrive en lisière de Brouzes, le projet est abandonné en 1981.
La ferme est classée aux Monuments Historiques en 1990 puis  revendue à nouveau.

La fontaine située sur la place de l'église, appelée familièrement Marianne, possède quatre gueules de lions en bronze crachant une eau potable. La statue qui la surmonte est un don du Maire de 1880 et une œuvre d'Albert-Ernest Carrier Belleuse (1824/1887), professeur du grand sculpteur Auguste Rodin (1840/1917).

La Tour ronde de Jacques, une des 3 tours de l'enceinte de Saint-Georges. Elle fait suite à la maison des religieuses.

Les Portes. Pour pénétrer dans la place forte il y a trois portes, seule deux subsistent. Celle qui donne sur la place en bas de l’église actuelle se nomme Lou Grand Portal  et dispose d’une grande pierre plate qui sert au juge et au greffier à rendre la justice. Celle dans la direction de la rivière est appelée le Portalou ou la Porte Ancienne.

Des maisons à tourelle subsistent de la vieille ville.

Les pigeonniers. Au-dessus du Grand Portal une tour pigeonne est construite en 1466. En 1664, il existe 15 pigeonniers dans la ville, quelques-uns subsistent encore. 

L’ancien prieuré de Saint-Gilles situé à Craissac, dépend au Moyen-âge de l'Abbaye Saint-Gilles-du-Gard.

Le cimetière  barbare de Riadels est exploré en 1902 (Seigneurie de la Famille Gransaigne de Loupiac au XVIIIème siècle).

Les grottes de Lavencou. De Saint-Gezniez-de-Bertrand, une route serpente dans le cirque du Lavencou. La grotte est située en tête du ruisseau. Grotte-résurgence du Bajocien2.
A proximité du fond vers la gauche, du méandre recoupant une vaste galerie parallèle, le ruisseau sous-jacent est deviné. Vers l'aval, à proximité de l'entrée, un puits de 13m rejoint la première galerie. Vers l'amont, une vaste fissure ou diaclase suit le ruisseau. Près de la première grotte s'ouvre un second lit de rivière souterraine bouché par des éboulis. La température de l'air est de 14°, celle de l'eau de 12°.

La maison des tilleuls est un lieu de décisions importantes pour la Résistance, la Croix Rouge s'y établit lors de la Seconde Guerre mondiale 1939-1945. Aujourd'hui, elle est transformée en gîte et accueille des touristes.

 Personnalité liée à la commune 

MarcantoinecharrierMarc Antoine Charrier 1755/1793, fils d'un avocat a suivi lui-même des études de droit.
Il devient notaire royal dans son village de Nasbinals-sur-l'Aubrac (Aveyron). Lors des Etats Généraux de 1789, il est élu pour représenter le Tiers Etat. Fervent catholique, il est très attaché à la monarchie et s'oppose aux idées des Lumières. Il mène l'insurrection en Gévaudan contre les révolutionnaires. Il est capturé, avec sa femme et son serviteur le 4 juin 1793, enfermé à Rodez où il est guillotiné le 17 juillet 1793 à l'âge de 38 ans.
Le conventionnel Châteauneuf-Randon permet à son épouse de se retirer à Saint-Georges-de-Luzençon au château des Valettes où Marc Antoine Charrier s’est réfugié plusieurs fois.

 Evolution de la population 

En 1349, Saint-Geniez-de-Bertrand compte 57 feux.

St georges demo

 Hameaux, faubourgs, quartiers, lieux dits et écarts...  

Saint-Geniez-de-Bertrand semble avoir été anciennement un prieuré dédoublé on le prieur et le curé sont distincts : le prieur administre, perçoit les revenus, assure l’entretien du temporel mobilier et immobilier, logement et nourriture ; le curé a la charge de l’administration spirituelle de la paroisse. Il en est encore ainsi en 1562, au début de la crise protestante. A partir du XVIIIème siècle, la paroisse n'a plus qu'un prieur-curé qui assure les fonctions de prieur et de curé. Il n’y a plus de curé depuis plusieurs dizaines d’années.
Comme toute localité possédant un cours d’eau, le village a son moulin. En 1562, c’était un moulin bladier à deux meules, dont le meunier est Pierre Baldoyn, du village de Sénil. Ce moulin appartient au seigneur, qui le loue au meunier.
Sous l’ancien régime, il existe une école dont le local est loué et son régent appointé aux frais de la communauté, tout comme pour le sonneur de la cloche et pour l'agent d'entretien de l'horloge.
En 1911 la construction d’une école communale publique et laïque est commencée, elle s’achève en 1918. Le bâtiment de facture classique, très typée IIIème République, est construit au pied du château. Le rez-de-chaussée est occupé par deux salles de classe (une pour les filles et une pour les garçons), le premier étage et les combles sont destinés au logement des instituteurs. Elle devient une école à classe unique à partir des années 1930, puis une colonie de vacances et ferme en 1960 pour devenir La Communale (voir § précédent). 
Son ancien nom est Saint-Geniez de Vertenan ou Saint-Geniez des Pérous, à cause de l’abondance de petites poires en ces lieux.
La vigne, qui occupe une grande partie de la vallée, disparait en 1907, en grande partie à cause du Phylloxéra. 
​​​​Sénil aujourd’hui simple quartier de Saint-Geniez,
Luzençon domine le village,
Briadels et son cimetière barbare,
Brouzes-du-Larzac et sa ferme fortifiée,
Cabanous et son château,
Craissac et son prieuré,
Vergonhac son château et sa chapelle,
Serals, gisement de Charbon exploité dès le XVème siècle,
Lavencas, mines d'Alun et de Couperose qui furent exploitées dès la fin du XVIIIème siècle,
Segonac ancien domaine celte et gallo romain, puis petite seigneurie avec sa ferme noble et sa chapelle,
Labro (le bord en Occitan) ferme typique en bordure du Larzac surveillant le site de Saint-Geniez,
Virazels, Las PausesCraissaguet, et Vialgues où certains de mes ancêtres ont résidé ...

 Nos ancêtres de Saint-Georges-de-Luzençon 

Saint georges de luzencon aveyron ancetres 1Saint georges de luzencon aveyron ancetres 2

 Carte de Cassini 

Saint georges de luzencon aveyron cassini

 

 


 

Notes :

1 - Certains donateurs se retirent chez les Templiers, on les nomme des donats.

Le Bajocien est un étage du Jurassique moyen ou Dogger, correspondant à une durée d'environ 2 millions d'années. Il est précédé par l'Aalénien et suivi par le Bathonien.

 


 

Sources
Sites, blogs, photographies, livres et revues .... :
  
Wikipedia, Mairie de Saint-Georges-de-Luzençon, Vivre au pays, Observatoire du patrimoine religieux, La Communale,
Cercle Généalogique de l'Aveyron, Rémi Puel et Pierre Hérail, Groupe d'Etudes et de Recherches Spéléologiques et Archéologiques de Montpellier (document de synthèse 1992).
 

 

Date de dernière mise à jour : 21/07/2024