Pîtres

 

Pitres eure adm

 

Pitres eure geoCette commune urbaine se situe à une distance de 30 Kms de Rouen et se place à la rencontre des deux vallées qui forment le site de la Côte des Deux-Amants.
Les communes limitrophes sont : Le Manoir, Léry-Poses, Amfreville-sous-les-Monts, Romilly-sur-Andelle et dans le département de la Seine-Maritime : Quétreville-la-Poterie, Boos, La Neuville-Chant-d'Oisel, 

Pitres eure blason Héraldique 

Les armes de la commune se blasonnent ainsi : De gueules à trois pals alésés d'or, au chef cousu d'azur chargé de deux étoiles d'argent.

 Hydrographie 

La commune se situe à la confluence de l'Andelle, affluent en rive droite de la Seine.

 Toponymie 

Pistus en 750 et 775, ad Pistas en 862 et 868 (dans les Annales de Saint-Bertin),  Pistes en 1025 et 1040,  Pistris en 1050,  Pistres jusqu'à l'époque moderne.

Drapeau francais fond blanc Histoire 

Cité gallo-romaine, puis résidence royale sous les Mérovingiens, palais et château fort sous les Carolingiens, la richesse archéologique de Pîtres et de ses alentours est considérable, des époques proto-Charles II dit le chauvehistoriques à l'époque médiévale. Pîtres ne conserve de son ancienne splendeur que son église dédiée à Notre-Dame.
Vers 525, un manoir est fondé.
Il est fait mention de Pîtres dans une charte de mon ancêtre, le  roi des Francs Clotaire Ier dit Le Vieux (498/561)  pour l’abbaye de Chelles.
En 775, un écrit de mon ancêtre l'empereur Charlemagne (747/814) désigne Pîtres comme se trouvant dans le Pays de Thelle.
Sous mon ancêtre le roi des Francs Charles II dit le Chauve (823/877, portrait de droite), la cité est l'un des centres politiques majeurs de la Francie Occidentale. En 855, la grande flottes des Danois, sous le commandement de Sidroc, s'empare de la Seine et assiège le château. En 862, le roi fait établir des travaux de fortification et de défense et notamment un pont fortifié sur la Seine pour contrôler les trois vallées de la Seine, de l'Eure et de l'Andelle. En 864, l'Edit de Pîtres (voir § suivant) condamne à mort Pépin II d'Aquitaine (823/864) comme traître et apostat. Sa peine est commuée en réclusion par le roi, il est enfermé à Senlis où il meurt quelque temps après.
Le roi réside à Pîtres et ordonne en 873 la construction d'un château de pierre et de bois le castellum novum à l'emplacement de l'ancien castrum assiégé en 855.
La cité sert de séjour royal à plusieurs reprises sous le règne de mon ancêtre le roi Charles III dit Le Simple (879/929) qui fait don à son chancelier en 905, le diacre Ernaste, de 11 serfs attachés au domaine royal (6 hommes, 4 femmes et un enfant). Pîtres tombe dans l'oubli après le Traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. 
Vers 1070, le territoire est donné par Roger de Beaumont dit Le Barbu (1015/1094) à l'Hôtel-Dieu de la Madeleine de Rouen. Vers 1090, Guillaume de Breteuil (1050/1103) donne aux religieuses de l'abbaye Notre-Dame de Lyre toute la dîme et la redîme de la vallée de Pîtres. Raoul de Gacel son héritier donne à Raoul de Tosny (1040/1102), chevalier banneret et seigneur de Conches, Pont-Saint-Pierre et la Vallée de Pîtres. En 1206, ces biens sont confisqués par le roi des Francs Philippe II dit Auguste (1165/1223) à la veuve de ce dernier, Marguerite, pour être donner à Raoul de Boulogne.
Au début de la Première Guerre Mondiale, un raid commando allemand est envoyé pour faire sauter le viaduc ferroviaire d'Oissel. Le combat, connu sous le nom de combat de la Rougemare et des Flamants, a lieu sur les communes de Mainneville dans l'Eure, de Neuf-Marché, Tourville-la-Rivière et Sotteville-sous-le-Val en Seine-Inférieure. Ce commando traverse le village à bord de véhicules à moteur.

L'Edit de Pîtres de 864

Capitulaire promulgué le 25 juin 864 par mon ancêtre le roi de Francie Charles II dit  le Chauve au second des  quatre conciles réunis à Pîtres sous son règne entre 861 et 869. Il est souvent cité par les historiens comme un exemple d'action gouvernementale réussie de la part du roi de la Francie Occidentale.
Charles II y revient sur le principe de personnalité des lois jugé trop archaïque et empêchant une unité au sein du territoire chrétien, en permettant la mise en place du système de territorialité des lois. L'acte est considéré comme le plus important de son règne avec le Capitulaire de Quierzy de 877. Il prend plusieurs décisions qui ont des répercussions politiques, économiques et militaires majeures, comme : la condamnation de Pépin II d'Aquitaine, une refonte des monnaies et des peines sévères contre les faux-monnayeurs, la fortification des ponts contre les Vikings, l'interdiction du commerce des armes, le recensement des hommes libres obligés de servir l'ost, et l'amélioration du sort des esclaves et des colons.

Les seigneurs et gens de la noblesse

Parmi les Familles de Pîtres, nous trouvons : Jean de Pîtres, clerc du bailly de Cotentin ; Guy de Pîtres ; Marie de Pîtres, abbesse de Saint-Amand de Rouen ; Roger de Pîtres (+vers 1083) qui accompagne en 1066 mon ancêtre le duc de Normandie Guillaume dit Le Conquérant (1024/1087) lors de son expédition en Angleterre ; Guillaume de Pîtres, écuyer ; Jacques et Jean de Pîtres qui fièffent en 1370 une maison à Rouen ; Guyot de Pîtres...
Lors de l'invasion anglaise du XVème siècle, Guy de Pîtres reste fidèle à son pays et ses biens lui sont confisqués en 1420 par le roi d'Angleterre.Henri V (1386/1422).
Au XVIIIe siècle, le village est réparti sur trois fiefs principaux : les Essarts, la Poterie, la vallée Galantine, qui appartiennent à trois seigneurs différents :

- Au fief des Essarts : En 1649, Louis le Roy ; en 1667, Charles le Roy ; en 1708 et en 1745, Adjutor Nicolas Le Monnier des Essarts est maire alternatif des Andelys.
 - Au fief de La Poterie : En 1668, M. de Tirémois puis M. le Bègue de Germiny.
- Au fief de La Vallée-Galantine : Pierre de Galantine, reçu au Parlement en 1616 ; son fils, conseiller  aux Aides en 1665 ; Dominique de Galantine (1683/1710) ; puis en 1723 passe à Jean Baptiste Boniface (1680/1748), baron de Bosc-le-Hard. par son mariage avec Marie Françoise de Galantine (1705/1761) fille de Dominique.
De ces fiefs il reste aujourd'hui de grosses fermes au cœur du village, rue du Bosc, rue de la Geôle, rue de l'Eglise. 

 Légende 

La Côte des deux amants 

Un jeune serf, Edmond, éprouve un violent amour pour Caliste, fille de Rulphe, baron de la Cour de l'empereur Charlemagne, seigneur de Pîtres et de Pont-Saint-Pierre, qui habite un château près de Rouen sur la rive de l’Andelle. Un jour où Rulphe chasse avec sa fille dans la vallée, un sanglier blessé fonce, furieux, sur Caliste ; le cheval tombe et elle va périr quand Edmond surgit, tuant le sanglier. Caliste éprouve bientôt un tendre amour pour son sauveur qui demande alors sa main mais le baron, refusant d’unir sa fille à un serf, met à son consentement une condition impossible : la porter, sans repos, en haut de la côte dominant le château. Edmond gravit la pente avec son précieux fardeau. Doté d’un immense courage Edmond arrive au sommet, dépose sa conquête mais tombe, mort de fatigue. De douleur, son aimée expire à l’instant tandis que deux colombes s’envolent d’un ermitage voisin en chantant tristement. Le père repentant fait placer les corps dans le même cercueil et ériger, à la place de l’ermitage, le Prieuré des deux Amants, puis meurt à son tour de chagrin.
Aujourd'hui, en haut de la falaise calcaire qui porte toujours le nom de Côte des deux Amants, le prieuré ruiné a fait place à une maison de retraite. Ce lieu se trouve tout près de Pître, sur la commune d'Amfreville-sous-les-Monts. 
Vers 1190, la poêtesse Marie dite de France (1160/1210, enluminure ci-dessous)  (1) évoque l'histoire dans son Lai des deux amants : 

LegendeMarie de france enluminure

 Patrimoine 

Le mégalithe de la Pierre Saint-Martin, témoigne d'un habitat permanent au Néolithique et la nécropole gauloise dite de La Remise, d'un habitat permanent de l'Âge du Fer, 2 000 tombes y sont retrouvées.
Les thermes de La Sallethéâtre rue Bourgerue, habitat gallo-romain et des traces de voie romaine, sont découverts de la période romaine.
Des vases, infusoire, bagues et poteries datent de la période mérovingienne ; des fibules scandinaves et la nécropole de la Pierre-Saint-Martin sont de l'époque carolingienne,.
Les moulins à eau de l'île Sainte-Hélène, l'église Notre-Dame, des sarcophages en pierre et plâtre et des poteries sont de l'époque ducale.
L'époque moderne est marquée par des caves, maisons et fermes du XVIIème et XVIIIème siècles

Les falaises de l'Andelle et de la Seine sont inscrites en 1981 aux sites naturels remarquables.

L'église Notre-Dame
Elle est considérée comme étant le lieu de réunion des assemblées dans lesquelles mon ancêtre le roi des Francs Charles II dit le Chauve fait promulguer ses Edits en 861, 864 et 869.
Située au centre de la ville, elle est construite selon un plan allongé auquel sont ajoutés trois bâtiments annexes sur la façade méridionale. Elle possède un seul vaisseau, trois travées pour la nef, une pour la tour-clocher et une pour le choeur, et se termine par un chevet plat. Dans la partie basse de la façade orientale est accolée une chapelle extérieure couverte à l'impériale abritant une pièta. 
L’intérieur s’élève sur un seul niveau composé de grandes baies situées à des hauteurs variables. La nef est couverte par une voûte lambrissée, appuyée sur une corniche en saillie, à laquelle est accrochée une poutre de gloire et son crucifix. Deux autels et retables à dais sont situés de part et d’autre de l’entrée de la tour-clocher.
Le mur Nord est datédu IXème siècle. La nef est agrandie au XIIème siècle. Le choeur, la tour-clocher et les chapiteaux sont du XIIIème siècle. La chapelle Sud du choeur est édifiée au XIVème siècle. Le lambris de couvrement de la nef est installé au XVIème siècle et les baies sont remaniées en 1887. La façade Occidentale est refaite en 1903.Ferme de la vallee galantine

La ferme de la Vallée Galantine
Elle appartient au XVIIIème siècle à la Famille de Boniface. En 1765, la veuve de Jean Baptiste de Boniface (voir § Les seigneurs) partage ses biens entre ses trois fils, le deuxième hérite de la ferme qu'il vend quatre ans plus tard à Pierre Delacour.
Elle change plusieurs fois de mains au XIXème siècle et devient une poudrière utilisant le salpêtre local.
En 1993, l'établissement est fermé. Il ne reste malheureusement rien des bâtiments de l'ancienne ferme. Elle figure sur un plan cadastral de 1781 et sur un autre de 1834 où elle apparaît comme un ensemble de bâtisses encadrant une cour carrée à l'intérieur de laquelle se trouve un puits (ci-contre).

 Personnages liés à la commune 

Jacques Le Ber  (1633/1706) est un marchand né à Pîtres, fils de Robert et de Colette Cavelier, devenu seigneur à Montréal à l'époque de la Nouvelle-France.
Parti de France pour le Canada en 1657, devient homme d'affaires dans la traite des fourrures et y épouse Jeanne Le Moyne. Sa fortune fait de lui une des personnalités les plus influentes de son temps. Il est ennobli en 1696.

Elie de Poliakoff (1870/1942) est né en 1870 à Kharkov (Ukraine) dans une famille de 9 enfants de Lazare de Poliakoff (+1914) dit le roi des Chemins de Fer Russes ou le Rothschild Russe. 
Cavalier émérite, il remporte en 1899 le concours de saut en hauteur de l'Hippique à Paris avec un saut de 1,75m.
Il possède une résidence avenue Foch à Paris, près de ses parents, et achète vers 1900 une propriété de 2 ha sur l'Ile Sainte-Hélène, comprenant une maison de maître, des dépendances et un jardin. Son personnel loge en permanence dans l'île. Il y donne de nombreuses fêtes extraordinaires où d'importans personnages côtoient des femmes aux moeurs légères qu'on le soupçonne de faire travailler dans la capitale.
A Pîtres, un mythe raconte qu'il arrive dans sa propriété par le chemin du Roi, après avoir traversé la ville en jetant aux enfants des pièces d'or par la fenêtre de son carrosse s'ils veulent bien crier Vive le Tsar ou Vive la Russie.
En 1942, après sa mort, la propriété, habitée par un domestique, est en ruine par cause de défaut d'entretien. Pillée en 1943, elle est vendue à Félix Lafont.
Le blason des Poliakoff représente une couronne encerclant un panache de plumes de casoar dans lesquelles est plantée l'étoile de David. Elle surplombe un heaume et un écusson sur lequel les ailes de la victoire alternent avec un lion chargé de trois flèches et crachant le feu. L'ensemble est souligné par la devise : Богмой помощник (Dieu est mon aide).

 Evolution de la population 

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 Quartiers, faubourgs, hameaux, lieux-dits et écarts 

Les quartiers : Saint-Martin, le Nouveau Pîtres et les Varennes.
Les écarts : Les Essarts, l'Île Sainte-Hélène, le Port et la Vallée Galantine.

 Nos ancêtres de Pîtres 

Pitres eure ancetres

 Carte de Cassini 

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Notes

(1) Marie dite de France est une poétesse de la  Renaissance du XIIème siècle, la première femme de lettres en Occident à écrire en langue vulgaire. Elle appartient à la seconde génération des auteurs qui ont inventé l'amour courtois.
Ses courts récits en vers, appelés Lais de Marie de France, sont une adaptation en langue d'oïl de la matière de Bretagne (ensemble des textes écrits au Moyen Âge autour des légendes de l’île de Bretagne, de l'Armorique actuelle, et dans une moindre mesure de la Gaule du Nord-Ouest). Ils ont rencontré un immense succès de son vivant dans toutes les Cours de France et d'Angleterre dont ils célèbrent l'idéal chevaleresque. Ses fables, inspirées de l'écrivain grec Ésope, ont été lues sans discontinuer du XIIème au XVIIIème siècle, en raison d'une vivacité caractéristique qui a été imitée, en particulier par Jean de La Fontaine (1621/1695).
Le mouvement romantique et l'engouement pour les études de l'ancien français ont fait redécouvrir au XIXème siècle ses contes tirés de lais bretons, qui sont aujourd'hui des classiques.
Marie dite de France demeure cependant une énigme, dont rien n'est connu que les écrits et le prénom.

 


 

Sources
Sites, blogs, livres et revues, photographies ...  :
Wikipedia -  Histoire du Val de Pîtres, Michel Dach - Le pont fortifié : Un grand ouvrage royal du IXème siècle par Jacques Le Maho, pages 143 à 158.

Date de dernière mise à jour : 06/10/2021