Table de Peutinger et Itinéraire d'Antonin

 

La table de Peutinger (Tabula Peutingeriana ou Peutingeriana Tabula Itineraria), appelée aussi carte des étapes de Castorius, est une compilation de cartes romaines antérieures à la fin du Ier siècle, mise à jour aux IVème et Vème siècles où figurent les routes et les villes principales de l'Empire romain qui constituaient le cursus publicus. Ce document était également connu autrefois sous le nom de table théodosienne (tabula theodosiana), nom qui fait référence à l'empereur Théodose Ier (347/395).

Conrad peutinger 1465 1547La table de Peutinger est découverte en 1494 par Conrad Celtis (1459/1508) à Worms (Allemagne).  Elle porte le nom de l'humaniste et amateur d'antiquités Konrad Peutinger (1465/1547 portrait ci-contre), qui la reçoit en héritage de son ami Conrad Celtis en 1508. Peutinger meurt avant d'avoir pu publier la carte dont une copie est exécutée à la demande de sa famille. Grâce à cette copie Abraham Ortelius (1527/1598) en donne l'édition imprimée en 1598 à Anvers puis la carte disparaît, on ne la retrouve qu'en 1714. En 1715, elle est remise au prince François Eugène de Savoie (1663/1736). À la mort de ce dernier, l'empereur Charles III de Habsbourg (1711/1740) rachète sa bibliothèque et l'intégre au fonds de la bibliothèque impériale où elle reçoit le numéro d'inventaire Codex Vindobonensis 324. En 1863, pour assurer sa conservation, la carte est découpée en panneaux protégés de plaques de verre, puis de plaques d'acrylique en 1977.

La table est composée de 11 parchemins assemblés formant une bande de 6,82m sur 0,34m. Elle présente 200 000 Kms de routes, l'emplacement de villes, mers, fleuves, forêts, chaînes de montagnes et montre la totalité de l'Empire romain, le Proche-Orient et l'Inde, indiquant le Gange, le Sri Lanka (Insula Taprobane) et la Chine. L'absence de la péninsule ibérique laisse supposer qu'une 12ème feuille, aujourd'hui manquante, présentait l'Espagne et le Portugal, ainsi que la partie occidentale des îles Britanniques.
C'est une carte très exacte des distances exprimées en milles romains (1480m) ou dans d'autres unités en cours dans une région (exemple : lieues gauloises en Aquitaine). Elle permet d'avoir une idée assez exacte de la distance et du temps pour se rendre d'un point à un autre. Les parcours sont assez réalistes.

Elle indique la Dacie constituée au IIème siècle, la ville de Pompéi détruite en 79 par l'éruption du Vésuve, certaines villes de Germanie inférieure détruites au Vème siècle,   Constantinople qui devient capitale en 330, Ravenne mentionnée comme étant une capitale, ce qui correspond à la fin de l'Empire romain d'Occident. Elle est probablement basée sur la carte du monde préparée par Marcus Vipsanius Agrippa (-64/-12), ami personnel de l'empereur Auguste (-63/14). Après sa mort, la carte a été gravée dans le marbre et placée sur le Porticus Vipsaniæ, non loin de l'Autel de la Paix d'Auguste, le long de la Via Flaminia.

Elle fait partie du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de son inscription au Registre international Mémoire du monde en tant que patrimoine documentaire de l'Autriche, en 2007.

 

 

 

L'Itinéraire d'Antonin (Itinerarium Antonini Augusti), guide de voyage de la Rome antique, il  recense les villes-étapes de l’Empire romain, et les distances les séparant sous Antonin le Pieux ou Caracalla Antonin (86/161). Il est rédigé vers 280 sous le règne de Dioclétien (244/311) sur la base d'une carte aujourd'hui disparue établie vers 210. Il est  probablement issu de l’enquête demandée par Jules César et menée à bien par Auguste.
Il nous est connu par 20 manuscrits. Contrairement à la Table de Peutinger, il ne comporte pas de représentation cartographique.

Il couvre une grande partie du monde romain, mais non sa totalité,  recense et décrit 372 voies sur 85 000 Kms dans tout l'Empire et révèle l'existence de plusieurs villes aujourd'hui disparues. Il ne semble pas destiné aux voyageurs privés, mais il pourrait s’agir d’un recueil de mansiones comportant des greniers où les approvisionnements étaient stockés. Certaines parties pourraient correspondre à des routes du cursus publicus ou à des voyages impériaux particuliers. Il décrit des trajets, plutôt que le tracé de voies romaines sur toute leur longueur. Une partie du document décrit l'Itinéraire maritime de Rome à Arles rédigé dans la seconde moitié du Ier siècle et rattaché ensuite à l'itinéraire terrestre.

 

Date de dernière mise à jour : 28/05/2019