Saint-Martin-aux-Buneaux

 

Saint martin aux buneaux seine maritime adm

 

Saint martin aux buneaux seine maritime geoVillage agricole rural, situé sur le plateau cauchois, Saint-Martin-aux-Buneaux possède des limites naturelles : la Manche au Nord-Ouest, la valleuse du Port au Nord-Est, la grande valleuse des Petites-Dalles au Sud-Ouest et des limites artificielles côté plateau au Sud-Est. La frontière Nord de la commune est marquée par d'immenses falaises de craie s'élevant sur une plage de galets surplombant la Manche. 
Les communes limitrophes sont : Sassetot-le-Mauconduit, Vinnemerville, Butot-Venesville, Auberville-la-Manuel, Veulettes-sur-Mer.
Le village est une mosaïque d’habitats avec les caractéristiques du village-rue (la Grand’Rue), de l’habitat groupé propre à l’openfield (le Marché), de l’habitat dispersé (les hameaux), des lotissements (les résidences), de l’architecture balnéaire (les villas des Petites-Dalles) et des maisons de pêcheurs.

Blason saint martin aux buneaux svg Héraldique 

Les armes de la commune se blasonnent ainsi : Dazur à la demi-barre à roue et à la demi-ancre accolées en chef à dextre et aux trois épis de blé et au bleuet en bouquet en pointe à senestre, le tout d’or, à la bordure du même, à la barre d’argent chargée d’une crosse de sable brochant sur le tout.

 Toponymie 

Le nom de la localité est attesté sous les formes Sancti Martini ad Burneaus en 1235, In parrochia Sancti Martini as Burneaus en 1235, Sanctus Martinus as Burneaux vers 1240, Parrochia Sancti Martini ad Burneaus en 1262, Sanctus Martinus ad Burnellos en 1337, Saint Martin as Burneau en 1406 et 1408, Saint Martin aux Bruneaux en 1414 et en 1433.
Durant une courte période à la Révolution Française de 1789 : Saint-Martin-la Montagne-cy-devant-aux-Buneaux.

Drapeau francais fond blanc Histoire 

Le première mention du village date de 1235, mais son origine semble bien antérieure.
Les vestiges néolithiques mis au jour près du Yaume, la découverte d’une flèche ancienne ainsi que les débris gallo-romains et la nécropole franque fouillée aux Petites-Dalles, tendent à démontrer que les plus anciennes implantations humaines sont situées à l’entrée des valleuses, côté plateau.
Ce village côtier, est peuplé de gens de la mer et de gens de la terre. Les premiers constituent un véritable vivier de marins pour les capitaines de navires, soit pour guerroyer comme Pierre du Val, écuyer, qui fait prisonnier l’équipage d’un navire anglais en 1386, soit pour pratiquer la pêche côtière à partir du port d’échouage des Petites-Dalles. Les seconds élèvent des moutons, tissent à domicile ou cultivent les terres.Saint martin aux buneaux seine maritime cheminee sculptee 1
Avec la Renaissance le village connait de grands bouleversements. La taille du grès provenant des carrières voisines est rendue possible et la région se couvre d’édifices religieux et civils. De grandes demeures sortent de terre, propriétés de riches armateurs partis faire fortune en rapportant le bois de braise (colorant rouge) du Brésil pour les teinturiers rouennais. Un nouveau château sort de terre, les cheminées des logis de fermes (photo ci-contre) s’ornent de jambages en grès sculpté représentant des Indiens d’Amérique du Sud croisés par les navigateurs ou des ancres marines. Des croix de grès apparaissent également à la croisée des chemins et dans le cimetière. Les puits à marée reçoivent de magnifiques margelles aux courbes harmonieuses.
Sous l’Ancien Régime, Saint-Martin dépend, pour l’autorité civile, du baillage de Cany et de l’élection de Caudebec. Pour l’autorité religieuse, il relève du diocèse de Rouen, de l’archidiaconé du Grand Caux, du doyenné de Valmont, de la titulature de Saint Martin et du patronage du seigneur.
Après les désastres de la Guerre de Cent Ans et les épidémies, l’essor démographique est tel qu’il entraîne l’agrandissement de l’église et conforte l’existence d’une foire très importante le 19 septembre ainsi que d’un marché le vendredi.
En 1790, la commune fait partie du district de Cany, canton de Sassetot-le-Mauconduit. En l’an VIII (1799), elle est rattachée à l’arrondissement d’Yvetot, canton de Cany. En 1926, elle intègre l’arrondissement de Dieppe.
Au XIXème siècle, la grande pêche à Terre-Neuve et les mutations agricoles (culture du lin et de la betterave à sucre, apparition de l’élevage bovin) continuent à maintenir un certain niveau de population jusqu’à la Grande Guerre. Parallèlement, la transformation du hameau de pêcheurs des Petites-Dalles en lieu de villégiature bourgeoise à partir de 1860 se conjugue avec l’arrivée des estivants, la construction de villas balnéaires et la mode des bains de mer.
Le village souffre des différentes guerres : occupation prussienne en 1870,  nombreux morts au front en 1914-1918, endroit stratégique pour les Allemands en 1939-1945.
Le 10 juin 1940, le generalfeldmarschall Erwin Rommel (1891/1944), à la tête de la 7e Division de Panzers, atteint la Manche aux Petites-Dalles, fermant ainsi aux troupes françaises et anglaises la route vers Le Havre et Fécamp.
La seconde partie du XXème siècle voit de nombreux changements s’opérer, disparition programmée des petites fermes, commerces et artisans déclinent inexorablement, tout comme les petites industries locales (atelier de confection au Val, ramassage des galets au port, serres à Septimanville, charcuterie industrielle dans la Grand’Rue, etc…).

Les seigneurs et gens de la noblesse

Une Famille seigneuriale, puissante sous les Capétiens, donne son nom au village placé sous la protection de saint Martin de Tours : La Famille Bunel (Burnel ou Buneaux), peut-être d'origine franque. 
Au début du XIIIème siècle, deux Familles, les  Bunel et les Saint-Martin, se partagent le territoire.
Puis sont seigneurs de pères en fils : Nicolas Harnois (+1550), avocat général au parlement de Rouen, époux de Marie Geneviève de Villy en 1520 et de Marie du Four en 1530 ; Jean Harnois, écuyer, époux en 1551 de Catherine Jubert ; Robert Harnois, époux en 1601 de Madeleine Le Parmentier; Robert II Charles Harnois, châtelain de Blanques, époux en 1633 de Suzanne de Bailleul.
Egalement de pères en fils : Jacques de Civille (1490/1533), écuyer, époux en 1512 de Catherine Le Gendre ; Alonce de Civille (1500/1552), écuyer, armateur, époux en 1523 de Marie de Saldaigne et de Catherine de Hautot ; Marie de Civille (1543/1634), qui en épousant en 1556, Guillaume Jubert, seigneur d’Harquency, conseiller en la Cour des Aides de Rouen, fait passer la seigneurie dans cette Famille ; Alonce Jubert (1578/1640), chevalier, président de la Cour des Aides de Rouen, époux en 1614 de sa cousine germaine Françoise de Civille (1585/1634) dame et patronne de Bouville;  Jacques Jubert de Bouville (1616/1656) conseiller du roi en ses Conseils et maître ordinaire des requêtes de son hôtel, époux de catherine Potier de Novion (+1649)... Le domaine ne change pas de mains jusqu’à la Révolution Française.
Le dernier seigneur est Jean Robert Bigot de Sommesnil (1724/1790), époux de Françoise Duhamel de Melmont.

 Divers 

La flore et la faune
Saint-Martin-aux-Buneaux (et ses environs) est une zone de frontière entre deux écosystèmes voisins : le milieu maritime et le milieu continental. La séparation est très nette car il n’y a pas d’interpénétration. Cependant, cette lisière est élargie grâce aux trois valleuses (le Val, le Fond de Villon et les Petites-Dalles).
Le plateau : Paysage de champs ouverts avec clos-masures, chemins creux, polyculture et élevage. Les talus plantés (hêtres, chênes, pins maritimes et pins d’Autriche), les haies (troènes, charmilles), les vergers (pommiers à cidre, poiriers de coq), les maisons rurales enrichissent la faune de l’openfield traditionnel. Des animaux inféodés aux plantes cultivées (mouche grise du blé, campagnol des champs, etc...) y sont présents ainsi que le lièvre, la perdrix et le sanglier.
Les valleuses : Présence de chiendent littoral sur la pelouse du Val et d’orchidées sur la partie calcicole de la pelouse des Petites-Dalles. En s’éloignant de la mer, ces pelouses laissent place à des formations basses (fourrés à ronces, landes à ajoncs et prunelliers) très importantes pour les oiseaux migrateurs ou sédentaires qui suivent la côte (passereaux) alors que les mares sur la falaise attirent canards et petits limicoles. Dans ces parties buissonnantes, des vipères, des couleuvres à collier et des lapins (et leur prédateur naturel, le renard) sont observés.
Dans les valleuses boisées, ou couvertes de landes, davantage de prédateurs rapaces (faucon crécerelle, buse et chouette hulotte) et de prédateurs mammifères (renard, blaireau, fouine, belette et putois) sont présents ainsi qu'un plus grand nombre d’oiseaux de passage (pic épeichette, pinsons du Nord et grives nordiques). Enfin l’équilibre des populations de petits mammifères (musaraigne, mulot) y est aussi meilleur grâce à la plus forte densité des prédateurs.

 Personnages liés à la commune Pierre beregovoy

Pierre Bérégovoy (1925/1993portrait 1 de droite), homme politique français, premier ministre du président de la République François Mitterrand (1916/1996), y possède une résidence secondaire où il reçoit famille et amis.

Pierre cardinalPierre Cardinal (1924/1998, portrait de gauche), metteur en scène, réalisateur et scénariste, frère aîné de l’écrivain Marie Cardinal (1928/2001), né d’une famille d'industriels aisés.
Profondément marqué par la guerre, et par la figure charismatique du général Charles de Gaulle (1890/1970), il s’engage en 1944 comme volontaire dans l’armée française, participe au débarquement en Provence, et traverse la France avec l’armée du général Jean de Lattre de Tassigny (1889/1952).
Après la guerre, il retourne en Algérie pour achever ses études secondaires au lycée d’Alger, puis étudie à l’Institut des Hautes Études Cinématographiques à Paris, avant d’y enseigner la mise en scène.
Il est décédé et inhumé à Saint-Martin-aux-Buneaux où il résidait.

Pierre blouinPierre Blouin (1927/2015, portrait  de droite), diplomate, attaché d’ambassade en Egypte et Turquie, deuxième secrétaire au Soudan, premier secrétaire en Guinée, en Belgique et en Syrie, deuxième conseiller en Egypte et Ethiopie, ambassadeur en République Arabe du Yémen et au Koweit, ambassadeur au Soudan et en Libye, ministre plénipotentiaire hors classe. Il est Officier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, de l’Ordre du Mérite de 2ème classe (Egypte), de l’Ordre des Deux-Nil de 1ère classe (Soudan) et Commandeur de l’Ordre éthiopien de Ménélik.
Né à Sainte-Adresse, il est décédé à Saint-Martin-aux-Buneaux.

 Patrimoine 

L’église Saint-Martin
Les parties les plus anciennes de la nef, sur la partie arrière du mur Sud, date du XIème siècle, la façade Ouest du XIIIème siècle, les deux contreforts de chaque côté du porche d’entrée du XVIème siècle. 
L’importance de la population au XVIème siècle entraîne l’ajout d’une deuxième nef au Nord. 
Saint martin aux buneaux seine maritime eglise saint martin porte des chatelainsEn 1699, une porte est ouverte dans le mur Sud de la première nef pour permettre au seigneur de pénétrer directement dans l’église, venant de son château sans passer par le porche principal réservé à la population. Elle est dite Porte des châtelains (photo de gauche).
Au XVIIIème siècle, les ouvertures du mur Sud de la première nef sont très largement agrandies.
Les voûtes intérieures sont recouvertes d’un lambris en pitchpin en 1910.
Le clocher est suffisamment élevé pour servir d'amer (repère) aux marins. Il est endommagé à plusieurs reprises en 1801, puis en 1869 la foudre entraîne un incendie qui le détruit. Il est reconstruit grâce à une souscription parmi la population. En 1908, la foudre endommage une nouvelle fois le clocher qui est réparé en même temps qu’est posé un paratonnerre. En 1962, une tempête le détériore et il est reconstruit en 1964 amputé des deux tiers.
A l’intérieur, un certain nombre d’éléments sont inscrits en 1988 sur la liste supplémentaire des objets classés aux Monuments Historiques : le retable latéral et bois peints et dorés du XVIIème siècle, le tabernacle, une toile peinte représentant l’Assomption. Les fonds baptismaux du XVème siècle sont classés en 1993.
Des vestiges de litres (1) seigneuriales du XVIIIème siècle sont encore visibles ainsi que les blasons des seigneurs décédés.
Autrefois, il y avait trois cloches. Deux d’entre elles sont fondues à la Révolution Française. La troisième est remplacée en 1846 par la cloche actuelle. Elle a pour nom Cécile-Charlotte. En septembre 1885, elle se détache d'un de ses supports qui est remplacé et consolidé. En 1909, la cloche, fêlée, est descendue du clocher et réparée par brasure.

La mairie est installée dans l’ancien presbytère, peut-être une ancienne maison d’armateurs.

Le château-fort
Pour asseoir leur pouvoir, les premiers seigneurs de la Famille Bunel édifient un château-fort. Il est détruit sur ordre du cardinal Armand Jean Duplessis de Richelieu (1585/1642). Certaines pierres du donjon sont réemployées dans la construction des édifices voisins (église, logis, etc.…).

Le château actuel
Il est construit sur les ruines de l’ancien château-fort dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Les ailes et les parties agricoles datent du XIXème siècle. Le portail, avec entrées piétonnière et charretière, est surmonté, selon la légende, d’un sarcophage contenant le cœur d’un corsaire. L’édifice est composé d'un étage carré, un sous-sol et un étage de comble, surmonté d'un toit à longs pans couvert d'ardoise. Dans le parc, le puits à marées est toujours visible.

Le monument aux morts
De forme rectangulaire, surplombé d’une sculpture représentant la France, il se trouve dans le cimetière à droite devant l’église. Y est gravé Aux enfants morts pour la France et deux plaques sont dédiés à deux habitants morts en déportation. Il est dû, en 1922, au sculpteur Maxime Real del Sarte (1888/1954).

Les croix et le four à pain du hameau du Val.

 Evolution de la population 

Sous le roi Louis IX dit Saint Louis (1214/1270), la population du village est  d’environ 100 familles. Sous le roi Louis XV (1710/1774) 350 feux sont décomptés.
En 1820, l'annuaire de la Seine-Inférieure dénombre 1500 âmes. En 1850, 1800 habitants.
En 1866, pour les Petites-Dalles, 219 habitants sont recensés côté Saint-Martin-aux-Buneaux et 110 sur Sassetot-le-Mauconduit, soit un total de 329 habitants.

Saint martin aux buneaux seine maritime demo

 Hameaux, faubourgs, quartiers, lieux dits et écarts 

La Cour des Champs – Le Fond des Carrières – La Ferme – La Grande rue – Le Beau Soleil – Le Marché – Le Val – Septimanville – Tournetot – Vinchigny…
Les Petites et les Grandes Dalles :  hameaux partagés entre les communes de Saint-Martin-aux-Buneaux et de Sassetot-le-Mauconduit (voir détails et photo sur la page de Sassetot).

 Mes ancêtres de Saint-Martin-aux-Buneaux … 

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 Carte de Cassini 

Saint martin aux buneaux seine maritime cassini

 

 


 

Notes : 

(1) Les litres funéraires ou seigneuriales (en latin médiéval lista=bordure) sont en France, sous l’Ancien Régime, une bande noire posée à l'intérieur et parfois même à l'extérieur d'une église pour honorer un défunt.
Réalisée à l'occasion des funérailles d'une personnalité, elle consiste en une bande d'étoffe noire ou une bande noire peinte sur les murs de l'église où se déroule la messe d'enterrement. Placée en hauteur, elle s'agrémente de représentations du défunt et de ses armoiries. La litre funéraire peut faire le tour de tout l’édifice et se limite parfois à la chapelle intérieure de l'église. Cette coutume se développe à partir du XIVème siècle.
Le droit de litre, faisant partie des prérogatives seigneuriales, est supprimé à la Révolution Française par la loi de 1791.

 


 

Sources
Sites et photo : Ne manquez surtout pas la visite du superbe, bien rédigé et  très documenté site de la Mairie de Saint-Martin-aux-Buneaux,
Wikipedia, la Base Mérimée.
Livres, documents, revues : Dictionnaire de la noblesse, Tome 10, par Alexandre Aubert de la Chesnaye-Desbois, 1866.

Date de dernière mise à jour : 19/12/2021